Biographie
Claude Guérin est né le 6 juin 1912 à Cholet où son père était officier au 77e RI.
Il entre à Saint-Cyr en 1931 et, à sa sortie de l'école en 1933, sert au Maroc au Service des Affaires Indigènes.
En juin 1940 le lieutenant Guérin effectue, avec d'autres officiers, un stage d'observateur en avion à Rabat. L'armistice vient les surprendre au moment où ils comptent tous être envoyés dans les escadrilles du front. Le général Noguès donne l'ordre formel de se rallier au maréchal Pétain.
Le 2 juillet 1940, refusant l'armistice, le lieutenant Guérin et sept de ses camarades, parmi lesquels les lieutenants Ter Sarkissoff et Mezan et le sous-lieutenant Puech-Samson, déguisés en aviateurs polonais, s'embarquent clandestinement à bord du Djebel Dersa, venu à Casablanca chercher les aviateurs polonais résidant en Afrique du Nord.
Ils parviennent le 3 juillet à Gibraltar. Interrogé le lendemain sur ses intentions, et mis au courant de l'épisode de Mers El-Kébir, le lieutenant Guérin décide de rejoindre le général de Gaulle, à Londres.
Il embarque alors, avec ses camarades, sur le Capo Olmo, cargo italien détourné de sa route vers Gibraltar par son commandant, le commandant Vuillemin et par des officiers français, dont le lieutenant Simon et le sous-lieutenant Messmer. Le Capo Olmo parvient à Liverpool le 17 juillet. Le lendemain, à Londres, Claude Guérin s'engage dans les Forces Françaises Libres.
Connaissant bien le terrain et la situation du Maroc il reçoit pour mission du capitaine Passy commandant le 2e Bureau des FFL, la formation d'un réseau de renseignements dans le sud marocain. Dans la nuit du 20 au 21 septembre 1940 il débarque au large d'Agadir et gagne la plage, avec deux autres officiers, en barque, dans une mer déchaînée. Claude Guérin se met immédiatement en contact avec de nombreux officiers et commence à monter un réseau de renseignements efficace. Mais l'échec de Dakar et les sévères mesures de police prises au Maroc rendant l'opération de plus en plus difficile, le lieutenant Guérin décide alors de repartir demander de nouvelles instructions.
Le 24 octobre 1940 il est dénoncé par un passeur et arrêté. Ramené en France, le lieutenant Guérin est dirigé en mars 1941 vers la prison de Saint-Etienne où il subit pendant neuf mois un dur régime carcéral. Entre-temps traduit devant la cour martiale de Gannat, il est condamné, avec ses camarades, le 25 juin 1941, à vingt ans de travaux forcés pour "atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat" . Le lieutenant Guérin étant "chef de mission et ne manifestant aucun regret de sa trahison" le procureur avait demandé pour lui la peine de mort.
Au mois de décembre 1941, il est transféré à Gannat, où il rencontre Claude Hettier de Boislambert et Antoine Bissagnet qu'il aide, un an plus tard, à s'évader, sans pour autant pouvoir s'enfuir également.
En représailles, Claude Guérin et ses camarades sont transférés à la prison de Riom, sous le régime de droit commun. Là, le lieutenant Guérin entre en relation avec le général de Lattre de Tassigny, lui aussi emprisonné à Riom, pour tenter de monter une évasion. Il réussit à faire s'évader le général, le 2 septembre 1943.
Enfin, le 31 décembre 1943, après avoir fabriqué une fausse clé - dont l'ébauche lui a été remise lors d'une visite par sa tante Madeleine Guillemet - et scié un barreau, le lieutenant Guérin et ses compagnons peuvent s'évader en empruntant le souterrain menant de la prison au Palais de Justice et arrivent dans la nuit à La Pallisse où ils sont abrités dans des fermes.
Le 17 janvier 1944, le lieutenant Guérin rejoint le maquis du Forez et reprend ses actions de résistance dans le département de la Loire où il seconde le capitaine Luc Thévenney. Il participe à quelques coups de main à Feurs et dans les environs.
Le 17 mars il reçoit l'ordre de rejoindre Londres. Il passe en Espagne et est interné au camp de Miranda du 1er avril au 1er mai 1944.
Il rejoint la capitale britannique
par avion le 13 mai où le colonel Hettier de Boislambert
le prend comme sous-chef d'Etat-major de la Mission Militaire de
Liaison Administrative (MMLA).
Le capitaine Guérin débarque en Normandie le 22 juin,
et est chargé des liaisons avec les officiers détachés
à la 3e Armée US. Il suit et participe ainsi
à l'avance en Bretagne et sur Paris
où il arrive le 25 août.
La MMLA ayant été dissoute, le capitaine Guérin, alors promu commandant, refuse son quatrième galon pour pouvoir rejoindre immédiatement la 1ère Armée française. Il y est affecté le 16 novembre 1944, au 2e Groupe de Tabors Marocains. Avec le 47e Goum, il participe aux campagnes des Vosges, d'Alsace et d'Allemagne. Il se distingue particulièrement dans les combats du 22 au 31 janvier 1945 au sud de Sélestat, harcelant l'ennemi sans cesse par des patrouilles incessantes. De même, dans la Forêt Noire, le 15 avril 1945, il donne l'assaut à la position de Kurtaus-Sand, réussissant à pénétrer à l'intérieur du dispositif, maintenant ses positions et faisant 20 prisonniers. Le 19 avril, il enlève le village de Zell avec une fougue extraordinaire.
Il quitte son unité le 1er novembre 1945 pour venir à la Mission de Liaison et d'Inspection Mobile d'Organisation de l'Armée créée par le général Chaban-Delmas.
Le commandant Guérin prend ensuite part aux conflits en Indochine, puis est affecté en Allemagne et, enfin, en Afrique du Nord.
Le lieutenant-colonel Claude Guérin est décédé le 23 juin 1959 à Constantine (Algérie). Il est inhumé à Nice.
- Officier de la Légion d'Honneur
- Compagnon de la Libération - décret du 20 janvier 1946
- Croix de Guerre 39/45 (4 citations)
- Croix de Guerre des TOE (4 citations)
- Médaille de la Résistance avec rosette
- Croix du Combattant Volontaire 39/45
- Médaille des Evadés
- Médaille Coloniale avec agrafes « Maroc », « E-O »
- Médaille Commémorative 39/45
- Médaille Commémorative d'Indochine
- Médaille Commémorative des Services Volontaires dans la France Libre
- Commandeur du Ouissam Alaouite (Maroc)
- Officier du Mérite Civil (Thaïlande)