Pierre FOURCAUD
ALIAS : Lucas - Maurin - Barbès - Sphère
Biographie
Alias : "Lucas", "Maurin", "Sphère", "Barbès"
Fils de médecin, Pierre Fourcaud est né le 27 mars 1898 à Saint-Pétersbourg (alors Petrograd) en Russie. Il fait d'excellentes études au lycée de Nice.
Engagé volontaire pour la durée de la guerre en avril 1916, il sert dans les chasseurs à pied. Combattant au 116e bataillon, il est cité pour sa très belle conduite à l’attaque de Bezonvaux le 15 décembre 1916 lors de l’offensive de Verdun.
Il est promu successivement, au cours de l’année suivante, au grade de caporal, de sergent et enfin d’adjudant. En avril 1917, il est muté au dépôt des troupes russes puis en janvier 1918 il devient agent de liaison interprète entre la Légion russe, le 8e Zouaves et le 7e régiment de tirailleurs au sein de la 1ère division marocaine. Il est blessé à la tête par balle de mitrailleuse le 26 avril 1918 dans la Somme après avoir remplacé au commandement de sa section un officier blessé et mené ses hommes à l’assaut de la ligne ennemie dans des conditions très difficiles. Néanmoins, il prend de sa propre initiative pendant quatre jours le commandement de sa compagnie dont tous les officiers ont été mis hors de combat.
Promu sous-lieutenant quatre mois plus tard, il est de nouveau blessé le 2 septembre, puis une troisième fois, le 4 septembre 1918 dans l’Aisne.
Démobilisé en avril 1920, Pierre Fourcaud s'engage au 2e Bureau par lequel, en vertu de ses connaissances linguistiques étendues (Russe, Anglais, Allemand, Balte), il est employé dans les pays baltes et scandinaves. Il exerce ensuite des fonctions de direction à la Standart Oil Company tout en continuant à faire du renseignement.
Rappelé à l'activité le 24 août 1939, il est affecté comme capitaine au 348e RI ; il commande la compagnie cycliste du régiment dans la région de Sarreguemines ; il est cité pour avoir repoussé une reconnaissance allemande le 10 mai 1940 ; blessé par balle le 16 juin 1940, il est évacué d'urgence vers l'hôpital militaire de Nancy, puis vers le centre hospitalier de Biarritz où il décide de rejoindre l'Angleterre et le général de Gaulle dont il vient d'entendre parler pour la première fois.
Le bras en écharpe, à Sète, il embarque clandestinement le 27 juin 1940 sur un bateau rapatriant des troupes tchèque en Angleterre via Gibraltar.
Débarqué à Liverpool le 13 juillet 1940, Pierre Fourcaud se présente à Saint Stephen's House, à Londres, devant le capitaine André Dewavrin qui, appréciant immédiatement les qualités et l'expérience de Pierre Fourcaud dans le domaine du renseignement, l'intègre sans attendre dans ses services.
Il est d'ailleurs un des premiers agents envoyés en mission en France. Il part le 2 septembre 1940 pour Lisbonne et Madrid et gagne ensuite Marseille puis Vichy. A Marseille il monte le réseau "Fleurs" qui devient par la suite le réseau "Brutus".
De retour en Angleterre en décembre, Pierre Fourcaud fait son rapport au général de Gaulle qui le renvoie en mission en janvier 1941. Il reprend alors contact avec les milieux résistants (réseau "Lucas"). Il recrute son frère Boris mais aussi des personnalités de tendance politique opposée à la sienne comme les socialistes André Boyer et Gaston Defferre. Dans un long rapport, il détaille la présence en France, en zone libre comme en zone occupée, de nombreux groupes plus ou moins étoffés de Français très opposés aux Allemands ; dans le même temps, il propose une coordination de tous ces groupes sous l'égide du général de Gaulle, plaidant pour une aide de la France Libre aux mouvements résistants.
Le 28 août 1941, il est arrêté à la gare Saint-Charles à Marseille. Son frère (alias Froment) lui succède alors à la tête du réseau. Interrogé, il est conduit à Vichy le 2 septembre, puis à la prison de Clermont-Ferrand où il est incarcéré. Déplacé de prisons en hôpitaux pendant presque un an, Pierre Fourcaud fausse compagnie à ses gardiens le 10 août 1942.
Du 15 au 23 août, il parcourt 1.245 kilomètres à bicyclette allant de Vichy jusqu'en Auvergne, d'Auvergne jusqu'à Marseille, de Marseille jusqu'à Genève et enfin de Genève à Perpignan. Il embarque clandestinement à Canet-Plage, le 21 septembre 1942, pour Gibraltar, via les Baléares. Le 31 septembre, une forteresse volante le ramène à Londres, en compagnie d'Emmanuel d'Astier et de Henri Frenay.
Affecté à la tête du 1er Bataillon d'Infanterie de l'Air (1er BIA), il se casse une jambe au cours d'un exercice d'entraînement avec saut en parachute près de Daventry, le 6 janvier 1943. Remis sur pied, en août 1943, il est envoyé en Ecosse, à Fort William.
Rappelé à Londres en novembre 1943, Pierre Fourcaud quitte son unité et se voit confier la très importante mission consistant à superviser la coordination des maquis de Savoie. Le 8 février 1944, il part en avion pour le Jura. Son avion se pose le lendemain à Bletterans et il entame une tournée des maquis au cours de laquelle il rencontre l'ensemble des responsables de la résistance de Savoie dans des conditions et un climat rendus détestables par le répression vichyste et nazie.
Le 19 mai 1944, le lieutenant-colonel Pierre Fourcaud est arrêté à Albertville. Le lendemain, il tente de s'évader et le lieutenant Moog, officier sous les ordre de Klaus Barbie, lui tire dessus. Blessé grièvement de deux balles de revolver, les Allemands le font soigner (à des fins d'interrogatoire). Transféré à la prison de Chambéry, il s'en évade le 6 août 1944.
Il parvient à regagner Londres le 28 août 1944 en avion.
De retour en France définitivement le 17 septembre 1944, il est promu au grade de colonel le 1er juin 1945.
De 1946 à 1956, il exerce des fonctions importantes au sein du Service de documentation extérieure et du contre-espionnage (SDECE).
Fondateur et directeur de l'Amicale des réseaux action de la France combattante, il est également membre de la direction du Comité d'action de la Résistance (CAR).
Pierre Fourcaud est décédé le 2 mai 1998 à Paris. Ses obsèques se sont déroulées en l'église Saint-Louis des Invalides à Paris. Il a été inhumé au Lavandou (83).
• Grand Officier de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 25 mai 1943
• Croix de Guerre 14/18 (4 citations)
• Croix de Guerre 39/45 (5 citations)
• Médaille de la Résistance avec rosette
• Croix du Combattant 14/18
• Croix du Combattant Volontaire 14/18
• Médaille Commémorative 14/18
• Médaille Interalliée 14/18
• Médaille des Evadés
• Médaille Commémorative des Services Volontaires dans la France Libre
• Croix de Saint-Georges (Russie)
• Distinguished Service Order (GB)
• Officer of the British Empire (GB)
• Distinguished Service Cross (USA)
• Commandeur Orange et Nassau
• Officier de l'Ordre de Léopold (Belgique)
• Croix de Guerre avec palme (Belgique)
• Grand Officier de l’Ordre du Million d’Eléphants (Laos)
• Officier de l’Ordre de l’Aigle Blanc (Yougoslavie)