Marcel APPRIOU
ALIAS : Lieutenant Rolland
Biographie
Né le 19 octobre 1914 à Marcilly-sur-Eure (Eure), Marcel Appriou souscrit un engagement volontaire pour quatre ans, en décembre 1932, et intègre le 3e régiment de tirailleurs marocains où il sert jusqu’en avril 1934. En octobre 1935, il est versé au 67e régiment d’infanterie et nommé caporal en avril 1937 avant d’être renvoyé comme réserviste dans son foyer à Marcilly-sur-Eure à la fin de cette même année.
Engagé à nouveau en août 1939 dans le même régiment, cantonné dans le secteur défensif des Ardennes lors de la « Drôle de guerre », il est blessé d’un éclat d’obus à l’épaule gauche au cours de la bataille de Stonne le 23 mai 1940.
Réengagé en octobre 1940, sergent en mars 1941 au 2e bataillon de chasseurs à pied, il est renvoyé dans ses foyers suite à la dissolution de l’armée d’armistice. Marcel Appriou est alors admis comme élève-gendarme à la compagnie de gendarmerie de l’Ain où il est affecté à la brigade territoriale de Montmerle, après un bref passage à la garde personnelle du chef de l’État à Vichy.
Dès lors, Marcel Appriou apporte son aide aux personnes recherchées dans le canton et leur permet ainsi d’échapper aux arrestations qui les menacent. Il fournit également de précieux renseignements aux maquis locaux. En décembre 1943, il intègre l’Armée secrète du groupement Nord de l’Ain. Menacé d’arrestation, il rejoint en février 1944 un camp en reformation dans les bois du Haut-Jura du secteur de Belleydoux (Ain). Ce nouveau maquis prend le nom de Roland Lacuzon, du nom d’un bandit-justicier jurassien. Fort de son expérience de sous-officier d’active, ancien combattant et breveté comme chef de section d’infanterie en 1942, il en prend le commandement sous le pseudonyme de « Roland ». Il organise le camp sur le plan matériel et donne l’instruction nécessaire à ses hommes dans l’objectif de former une unité militaire d’une centaine de maquisards pouvant supporter avec rusticité la rude vie de bivouac sur un terrain montagneux et affronter avec efficacité opérationnelle l’ennemi au combat.
Confronté au manque de ravitaillement et sous-équipé, le camp Roland et les maquis proches sont attaqués une première fois par les GMR (groupes mobiles de réserve) le 1er avril. Après avoir forcé les troupes de Vichy à battre en retraite, les maquisards quittent leur campement et se déplacent clandestinement pendant plusieurs jours sous la pluie et le froid pour trouver une nouvelle position plus sûre, dans le secteur de Charix (Ain). Les maquisards ont alors pour seul hébergement sept toiles de parachutes.
En mai et juin 1944, les maquisards de Roland montent des embuscades et des barrages sur les principaux axes du secteur. Après le débarquement en Normandie, les maquis de l’Ain et du Haut-Jura passent à l’offensive. Répondant aux ordres du PC départemental, le camp Roland s’installe dans le village de Charix. Le « camping » sous la toile de parachute est terminé, les maquisards dorment maintenant sur la paille dans des granges.
Le 8 juin, le camp Roland participe à la prise d’armes et au défilé à Nantua, où le colonel Romans proclame la IVe République, du balcon de la sous-préfecture. Le camp Roland s’installe à Izernore dans le café Donier et d’autres maisons vides. Le 12 juin, Roland défile avec d’autres formations à la tête de son camp à Oyonnax.
Mais la pression militaire allemande les oblige à se replier dans les montagnes. Appuyés par des parachutages de matériel, les FFI parviennent à réinvestir quelques villages.
Attaqué du 10 au 12 juillet 1944 au cours de l’opération allemande Treffenfeld destinée à reconquérir les villes et cols de l’Ain aux mains des maquisards, le camp Roland doit avec difficultés parvenir à maintenir ses positions. Face à la menace de l’encerclement, Marcel Appriou prend l’initiative d’aller chercher des renseignements et des ordres auprès de son chef. Il disparaît le 12 juillet au cours d’une liaison vers Nantua en moto. Les maquisards du camp Roland, qui s’étaient repliés entre temps, n’apprennent que le 18 la capture de leur chef par l’armée allemande. Torturé au cours de la nuit, Roland a été fusillé sans jugement à Montréal-la-Cluse le lendemain matin. Son corps mutilé est découvert par un fermier sur la commune de Brion (Ain).
Homologué au grade de lieutenant, Marcel Appriou est décoré de la Légion d’honneur à titre posthume et de la croix de guerre 1939-1945 avec palme par décret du 27 novembre 1946.
Son nom figure sur les monuments aux morts des communes de Montmerle et Saint-Jean-le-Vieux (Ain). Une plaque commémorative honore sa mémoire à Montréal-la-Cluse sur les lieux de son exécution.
La 21e promotion d’élèves gendarmes de l’école de gendarmerie de Dijon l’a choisi pour parrain en 2020.
La médaille de la Résistance française lui a été décernée à titre posthume par décret du 7 décembre 2023 publié au Journal officiel du 29 janvier 2024.