Henri Julien Auzias
ALIAS : Yves
Biographie
Henri Auzias est né à Villevieille dans les Basses Alpes, le 9 avril 1912. Son père est maire de son village, apparenté de droite, conseiller d’arrondissement du canton d’Entrevaux. Il a passé quatre ans au combat pendant la Première Guerre mondiale. Henri a deux frères et une sœur. Il fréquente l’école primaire supérieure de Digne jusqu’en 1929. Ses parents, très croyants, souhaitent le voir devenir prêtre. Mais Henri va prendre une autre voie. Après avoir fait son service militaire, il entre aux PTT en 1929, au centre de tri du bureau-gare de Marseille, comme agent manipulant. Il se marie en 1934 avec Augustine Marie Pelas. Ils auront quatre enfants.
Henri Auzias adhère au Parti communiste en 1935. De 1937 à 1939, il est élu secrétaire du syndicat des PTT de Marseille, section des ambulants. Il devient trésorier adjoint de l’union locale de Marseille le 5 mars 1939, puis entre à l’union départementale.
Mobilisé en août 1939 à Avignon, détaché au télégraphe à Creil-sur-Oise, puis à Montpellier, il est démobilisé après l’armistice. Dès lors, il reprend son activité militante au sein du Parti communiste clandestin sous le pseudonyme d’ « Yves » et met en place l’Organisation spéciale à Marseille. Ses groupes se chargent notamment de la récupération d’armes et de la confection de bombes dans des ateliers clandestins.
Henri Auzias est arrêté par la police de sûreté à son domicile marseillais, le 18 janvier 1941, et écroué à la prison militaire Saint-Nicolas de Marseille. Un article du Journal des débats politiques et littéraires du 5 février 1941 nous renseigne sur les raisons de l'arrestation d'Henri Auzias : "A la suite de distributions de tracts communistes dans les quartiers de la Belle de Mai et de Saint-Laurent, six arrestations ont été opérées et des communistes connus, notamment les nommés Henri Auzias et Jean Leccia ont été appréhendés". C'est donc le fait qu'il soit un militant communiste notoirement connu qui lui a valu cette arrestation.
Condamné le 19 mars 1941 par le tribunal militaire de la 19e Division militaire à quatre ans et trois mois d'emprisonnement et trois mille quatre cents francs d'amende pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 portant dissolution des organisations communistes, Auzias est incarcéré du 24 mars au 8 avril 1941 à la prison Saint-Pierre de Marseille. Transféré le 8 avril 1941 à la Maison centrale de Nîmes, Auzias y joue un rôle prépondérant dans l’organisation clandestine des détenus.
Le 15 octobre 1943, Auzias est transféré à la maison centrale d’Eysses. Durant le parcours qui le mène avec ses compagnons de détention à Eysses, il les entraine à chanter des airs patriotiques et à clamer des slogans de la Résistance. A Eysses, il devient très rapidement le délégué communiste des détenus aux côtés de Stéphane Fuchs, délégué gaulliste. Il devient le porte-parole des détenus auprès de l’administration pénitentiaire. Il défend avec ténacité les revendications de ses camarades et obtient de nombreuses libéralités : statut de détenu politique, vêtements civils, partage des colis…
En décembre 1943, il est l’un de ceux qui font face aux Groupes mobiles de réserve (GMR) en armes pour empêcher le transfert des internés administratifs en zone Nord et leur remise aux Allemands. C’est également Auzias qui supervise l’évasion de Fénoglio chargé de prendre contact avec la Résistance pour préparer de l’extérieur l’évasion des détenus de la centrale. Enfin, au sein même de la prison, il organise cours et entraînement physique afin de préparer au mieux l’insurrection.
Le 19 février 1944, il joue un rôle moteur lors de l’insurrection. Le lendemain, il est choisi pour négocier au téléphone une reddition acceptable avec le sous-préfet et le directeur de la prison afin qu’il n’y ait pas de représailles.
Après la reddition des détenus, mis en cause parmi les « meneurs actifs et armés de la mutinerie » avec neuf témoins à charge (trois l'ayant vu porteur d'un revolver, les autres « donner des ordres et parlementer au téléphone »), Henri Auzias est condamné à mort avec onze de ses camarades par une cour martiale réunie à Eysses (motif : « ont été arrêtés en flagrant délit d’un crime de meurtre ou tentative au moyen d’armes et d’explosifs pour favoriser une activité terroriste »). Il est fusillé le 23 février 1944 en chantant La Marseillaise et en criant "Vive la France".
Henri Auzias a été homologué au grade de lieutenant au titre du bataillon FFI de la centrale d’Eysses (homologué unité combattante le 20/04/1990) ; il est décoré à titre posthume de la croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze le 5 novembre 1946. Le titre d’interné résistant lui a été attribué le 5 septembre 1967. Henri Auzias est décoré de la médaille de la Résistance française à titre posthume par décret du 7 décembre 2023.