Musée de l'ordre de la Libération

Lettre d'information | Mai 2020

Chers amis de l’Ordre de la Libération,


Selon un vieux dicton, « en mai fais ce qu’il te plait », nous avons donc fait le choix pour cette lettre de mai, et en cette période qui impose à la chancellerie et à son musée des activités restreintes, de vous relater quelques faits des mai 40, 41 et 45, et nous traiterons également la journée nationale de la Résistance du 27 mai sous un angle historique. Vous seront également relatées quelques actions mémorielles, en lien avec l’Ordre, lors du 8 mai 2020 en France métropolitaine et d’outre-mer.

Le hasard, ce geste discret du ciel, a fait que Cécile Rol-Tanguy nous a quittés ce 8 mai. Le nom de Rol-Tanguy est doublement lié à celui de l’Ordre de la Libération par la médaille de la Résistance de Cécile et la croix de la Libération de Henri. Il en est de même, pour les Postel-Vinay dont nous venons malheureusement d’apprendre le décès d’Anise Postel-Vinay, médaillée de la Résistance et veuve du Compagnon André Postel-Vinay.

Ils sont, avec les autres couples ainsi que les fratries, ou père et fils « Compagnons de la Libération » ou « Compagnons et médaillés de la Résistance », le symbole de l’engagement total de nombres de familles pour la libération et l’honneur de la France. Le musée de l’Ordre est le conservatoire des « braises ardentes » que sont ces parcours admirables et exemplaires.

Comme nous en avons désormais pris l’habitude, notre prochaine lettre sera diffusée à la mi-juillet afin de vous accompagner lors de cette coupure estivale. Bonne lecture et nous sommes toujours à l’écoute de vos suggestions.

La rédaction.

Disparition de madame Cécile Rol-Tanguy, médaillée de la Résistance française

Paris, 18 juin 1945, Cécile et Henri Rol-Tanguy, qui vient de recevoir la croix de la Libération
© DR – archives famille Rol-Tanguy

L’Ordre de la Libération a appris avec une grande tristesse la disparition de madame Cécile Rol-Tanguy, le 8 mai, à son domicile, à l’âge de 101 ans.

Avec elle disparaît une des dernières figures de la Résistance intérieure française et plus précisément de la Libération de Paris en août 1944.

Son mari, Henri Rol-Tanguy, Compagnon de la Libération, nous quittait en 2002.

En savoir plus sur le Compagnon Rol-Tanguy

Cécile Rol-Tanguy (10 avril 2019 – 8 mai 2020)

Grand croix de la Légion d’honneur, médaillée de la Résistance

 

Élevée dans le militantisme familial, Germaine, sa mère, femme au foyer et François son père électricien, syndicaliste CGTU, Cécile Le Bihan, le brevet élémentaire en poche et une formation de sténodactylo, entre comme secrétaire au Syndicat des métaux de la région parisienne. Elle y rencontre un permanent, Henri Tanguy, dont elle devient marraine  de guerre lorsqu’il combat en Espagne au sein des Brigades internationales. Membre de l’Union des Jeunes filles de France et du parti communiste, Cécile demeure toute sa vie fidèle à cette  « utopie généreuse ». Mariés le 15 avril 1939, Henri sous les drapeaux, Cécile Tanguy qui a donné naissance à Françoise, reprend son emploi au syndicat des métaux. Les aléas du pacte germano-soviétique ne détournent ni Henri, ni Cécile de leur combat antifasciste. L’arrestation de son père en avril 1940 (mort à Auschwitz en septembre 1942) et la mort de Françoise le 12 juin, ne la font pas fléchir. Cécile facilite la reprise de contact d’Henri, démobilisé le 19 août 1940, avec les syndicalistes qui débouche peu après sur la formation de comités populaires de la métallurgie de la région parisienne dont il prend la tête. C’est encore grâce à Cécile qu’il échappe aux arrestations de communistes mais doit plonger dans la clandestinité jusqu’à la libération. Le couple, qui vit séparé par sécurité, préserve sa vie familiale malgré les dangers : Hélène et Jean naissent en mai 1941 et novembre 1943, Claire et Francis après guerre. Aidée de sa mère pour les tâches quotidiennes, Cécile, alias Jeanne, Yvette, Lucie dans la Résistance, est l’assistante d’Henri aux responsabilités successives qu’il exerce, assurant le secrétariat et les liaisons. En juin 1944,  Henri devenu le colonel Rol, chef régional des FFI d’Ile-de-France, Cécile tape les ordres dont ceux des 18 et 19 août, appelant à la mobilisation et à l’insurrection parisienne et assure  les liaisons avec les états-majors FFI.

Ces vingt dernières années, elle se consacre à la mémoire de la Résistance, témoignant sans relâche. Plus méconnu est son sens de l’histoire concrétisé par le don des papiers d’Henri aux Archives nationales et d’objets aux musées parisiens. Elle contribue aussi à éclairer l’histoire d’un frère d’armes, le colonel Fouré, chef d’état-major des FFI de la région parisienne, arrêté en mai  1944 et mort à Dora.

Compagnon de la Libération, Henri Rol-Tanguy n’a cessé de rappeler le rôle essentiel des femmes dans la Résistance : « Dans ce travail obscur et périlleux, les femmes ont joué dès l’été 1940 un rôle capital », incluant, bien sûr, Cécile son épouse.

 

Christine Levisse-Touzé

Amie, historienne, docteur ès lettres

Présidente du conseil scientifique du musée de l’Ordre de la Libération

Conservateur général honoraire du patrimoine de la Ville de Paris.

Henri et Cécile Rol-Tanguy en 1983
© DR – archives famille Rol-Tanguy

Commémoration de la capitulation allemande signée à Reims le 7 mai 1945

Eisenhower avec le maire de Reims le 12 mai 1945
© Musée de l'Ordre de la Libération

Soixante-quinze ans après, il est toujours légitime de redonner à Reims la place qui lui revient dans le dénouement de la Seconde Guerre mondiale en Europe. La mémoire collective n’a retenu que le 8 mai 1945 comme date de la capitulation de toutes les forces armées allemandes. Les Soviétiques commémorent le 9 mai 1945 à Berlin ; les Occidentaux célèbrent le 8 mai choisi comme « V-E Day » (Jour de la Victoire) ; quant aux Français, ils insistent sur Berlin parce que de Lattre, Compagnon de la Libération, commandant en chef de la Première armée française, représentait notre pays. Mais le respect de l’histoire conduit la ville de Reims à rappeler que la capitulation a bien été signée dans la Cité des sacres, le 7 mai 1945 à 2 h 41 du matin. En effet, cet événement majeur s’est déroulé dans l’enceinte d’une école alors quartier général des forces alliées. Ce lieu, baptisé depuis Salle de la Reddition, existe toujours et est classé au patrimoine mondial des monuments historiques (https://musees-reims.fr/fr/musees/musee-de-la-reddition/).

Le 24 janvier 1943, à Casablanca, en présence de Churchill, Roosevelt, annonce son intention d’exiger de leurs ennemis une capitulation sans conditions. Il s’agit aussi de ne pas rééditer les erreurs de 1918.

Au fil des mois, la situation militaire de l’Allemagne se dégrade. Et le 30 avril 1945, les Soviétiques entrent les premiers dans Berlin. Avant de se donner la mort, Hitler désigne l’amiral Dönitz, commandant en chef de la marine allemande, comme son successeur. Celui-ci décide la poursuite des combats contre les Soviétiques mais cherche à conclure des capitulations partielles avec les adversaires occidentaux.

La première reddition importante est celle des forces allemandes d’Italie du nord. Engagée dans le secret du côté américain, la négociation aboutit le 29 avril 1945 à la capitulation sans conditions de Caserte, près de Naples. Cette dernière excite la colère de Staline qui, du coup exige de ses partenaires la poursuite des combats jusqu’à la capitulation générale de l’Allemagne. Les capitulations partielles qui interviennent en Allemagne du nord-ouest et en Hollande correspondent bien à la volonté de Dönitz de ne consentir de défaite qu’à l’Ouest, mais Eisenhower précise qu’il n’acceptera aucune capitulation qui ne serait pas étendue à tous les fronts.



Le 5 mai, Friedeburg, chargé de mettre au point les termes de la capitulation des forces allemandes sur le front occidental, arrive à Reims où Eisenhower a installé le PC avancé du SHAEF (Supreme Headquarter Allied Expeditionnary Forces). Aucun Français ne participe à la négociation, mais la France demande à être considérée comme un des signataires de l’acte de capitulation, faisant partie depuis novembre 1944 de la Commission consultative pour l’Europe. Friedeburg n’ayant pas le pouvoir nécessaire pour signer un tel acte, Dönitz envoie à Reims le 6 mai le général Jodl, chef d’état-major de l’armée allemande. Jodl propose une capitulation en deux temps : une phase pendant laquelle les mouvements de troupes seront autorisés, une autre phase pendant laquelle ils seront interdits. Désirant faire passer le plus possible de soldats et de civils dans les lignes anglo-américaines, les Allemands proposent de signer l’acte de capitulation le mardi 8 mai au matin et de disposer de 48 heures pour mettre en vigueur l’ordre de cessez-le-feu. Mais Eisenhower, menace de rompre les négociations, Dönitz finit par donner son accord à la signature. Seule concession faite aux Allemands: les hostilités cesseront sur tous les fronts 48 heures plus tard, le 8 mai à 23h01, heure d’Europe centrale.

La signature a donc lieu à 2h41 le 7 mai 1945, en présence du général Alfred Jodl, et du lieutenant général et chef d’État-major, Walter Bedell Smith en tant que représentant des forces alliées. Le général Sevez, invité au dernier moment, représente la France.

De la capitulation à la réconciliation

Dix-sept ans plus tard, le 8 juillet 1962, l’histoire s’est à nouveau arrêtée à Reims. La Cité des sacres fut, en effet, le théâtre d’un événement à portée historique. Le général de Gaulle accueillit le chancelier allemand Konrad Adenauer sur le parvis de la Cathédrale. Cette rencontre symbolisa la réconciliation entre les deux pays établissant les fondations de la construction européenne et scellant l’amitié franco-allemande.

 

Une Rémoise, secrétaire générale de l’Ordre de la Libération.

 

Quelques photos de l'année 1945

Début 1945, Molsheim – Bas-Rhin. Le Compagnon de la Libération Robert Abraham du 501e régiment de chars de combat (2e DB) fait une pause photographique avec une petite alsacienne en costume traditionnel.
© Musée de l'Ordre de la Libération
1er février 1945, Alsace. Les soldats de la 13e demi-brigade de Légion étrangère atteignent enfin le Rhin après de longs et difficiles combats. © Musée de l’ordre de la Libération
© Musée de l'Ordre de la Libération
1er mai 1945 Paris. Défilé des rescapés du camp de concentration de Dora (Allemagne) sur les Champs-Elysées. Parmi eux figurent plusieurs compagnons de la Libération : Edmond Debeaumarché, Pierre Julitte, André Schock, Pierre Dejussieu-Pontcarral et Emile Bollaert. Les quatre derniers cités sont également médaillés de la Résistance française. © Musée de l’ordre de la Libération
© Musée de l'Ordre de la Libération
2 avril 1945 Paris, place de l’Hôtel de Ville. Les Parisiens réunis en masse assistent à la remise de la croix de la Libération à la ville par le général de Gaulle. © Musée de l’ordre de la Libération
© Musée de l'Ordre de la Libération

Vidéo n°9 Nota Bene

Sortie de la vidéo n°9

Cet ado a 12 ans quand il s'engage dans la Résistance !

Être jeune en 1940, c’est déjà avoir grandi dans un monde marqué par la Première Guerre mondiale. Leurs parents leur disaient que c’était la “der des der”, et voilà le pays envahi par les Allemands. Certains sont encore étudiants, d’autres, déjà à l’usine ou dans les champs puisqu’il est possible de travailler à partir de 13 ans. Pourtant, alors qu’ils sont issus de milieux différents, et ne partagent même pas forcément les mêmes opinions politiques, ils vont faire le choix de l’engagement...

 

Regarder la vidéo n°9

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L'Ordre de la Libération soutient la campagne du Bleuet de France

© Ordre de la Libération

L’Ordre de la Libération soutient le Bleuet de France.

Pour pallier l’absence de collectes sur la voie publique en raison de la crise sanitaire que rencontre la France, vous pouvez toujours faire un don en ligne sur le site du Bleuet de France pour continuer à témoigner votre gratitude aux combattants d’hier et d’aujourd’hui et pour que le Bleuet de France puisse continuer à porter haut et fort sa devise « Aidons ceux qui restent ».

➡️ Faire un don

 

 

A la suite du conflit dévastateur de la Première Guerre mondiale, une mobilisation citoyenne se met en place en France en faveur d’une reconstruction matérielle, économique, et surtout humaine des blessés et mutilés.

C’est à cette époque que naît « le Bleuet de France » à l'initiative de deux infirmières : Charlotte Malleterre et Suzanne Leenhardt. Cette initiative vise à recueillir des fonds pour venir en aide aux mutilés de la Grande Guerre. Les soldats blessés et invalides confectionnent aux Invalides des bleuets en tissus pour les vendre dans les rues. Cette fleur est choisie car elle est une des seules à pousser sur les champs de batailles, mais aussi car elle rappelle le bleu de l’uniforme des premiers poilus. Depuis, des campagnes d’appel aux dons ont lieu chaque 8 Mai et 11 Novembre en France. En 1991, l’association du Bleuet de France est dissoute. L’Œuvre nationale du Bleuet de France (ONBF) est alors rattachée à l’Office National des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG).

Plus de cent ans après sa création, la vocation du Bleuet de France reste d’actualité. Son champ d’intervention ne se limite plus à l’aide aux soldats blessés lors des deux guerres mondiales, mais prend en compte des blessés en opérations extérieures, les veuves et les pupilles de la Nation.

En 1991, le Bleuet de France voit ses missions s’élargir en venant en aides aux victimes d’actes de terrorisme. Les attentats commis en France en 2015 ont malheureusement mis en lumière cette nouvelle mission du Bleuet de France et ces nouveaux ressortissants.

Au-delà de ces actions de solidarité qui constituent l’ADN de l’œuvre caritative, le Bleuet finance en partie d’autres types d’actions mémorielles visant à favoriser le devoir de mémoire et la citoyenneté.

Aujourd’hui, cette fleur incarne les valeurs de respect, de paix et de tolérance chères à l’ensemble de la communauté combattante. Elle est portée en France autour des cérémonies du 8 Mai, du 11 Novembre et du 14 Juillet. Symbole du devoir de mémoire et de la solidarité, la fleur du Bleuet de France est l’emblème de l’œuvre caritative et demeure son principal vecteur de communication et de notoriété. Des partenariats noués avec les médias nationaux, ou encore les ligues et Fédérations sportives permettent de diffuser l’image auprès d’un nouveau public.

Au-delà du symbole de la fleur portée à la boutonnière, l’ONBF permet ainsi chaque année de récolter près de 1.3 millions d’euros. Ces recettes sont issues en grande majorité des dons effectués lors des collectes organisées sur la voie publique, ou dans des lieux privés durant lesquelles une fleur du Bleuet est proposée en échange d’un don libre. Une partie de ses recettes provient également des ventes des produits dérivés de la marque Bleuet de France. Déposée à l’INPI, la marque est la propriété de l’ONACVG. Les autres recettes de l’ONBF provenant des subventions des collectivités, des dons et legs.

 

L'Oeuvre nationale du Bleuet de France

Première remise de croix de la Libération par le général de Gaulle à Qastina

Le général de Gaulle à Qastina le 26 mai 1941
© Musée de l'Ordre de la Libération

Le 26 mai 1941, le général de Gaulle se rend au camp de Qastina en Palestine pour inspecter les éléments de l'armée de terre qui constituent la première division légère française libre. Le moment est grave car cette division, placée sous le commandement du général Legentilhommme, s'apprête à intervenir en Syrie avec les Britanniques contre les forces du maréchal Pétain. Après l'échec de Dakar en septembre 1940 puis la victoire du Gabon en novembre 1940, c'est la troisième fois que les FFL vont affronter les troupes de Vichy dans le contexte dramatique de combats fratricides. Ce jour là, le chef des Français libres remet pour la première fois la croix de la Libération sur le front des troupes aux soldats, sous-officiers et officiers qui viennent de s'illustrer dans les opérations de Libye et d'Érythrée.

Les Compagnons de la Libération décorés à Qastina:

Roger Allouès, Roger Barberot, Georges Bavière, Valentin Béhélo, Georges Catroux, Alfred Cazaud, Charles Clerc, Pierre Delsol, Victor Desmet, Idrisse Doursan, Raphaël Folliot, François Garbit, Gargué, Louis Gautheron, Noël Giorgi, Pierre Iehlé, André Kailao, Jean de Laborde-Noguez, Pierre Langlois, Pierre Messmer, Charles Rudrauf, André Salvat, Jean Simon, Auguste Techer et Marcel Vincent.

Disparition de madame Anise Postel-Vinay, médaillée de la Résistance française

Anise Postel-Vinay en 2015 chez elle à Paris
© DR – Archives famille Postel-Vinay

L’Ordre de la Libération a appris avec une grande tristesse la disparition de madame Anise Postel-Vinay, médaillée de la Résistance française, décédée le 24 mai 2020. Elle était la veuve d’André Postel-Vinay, Compagnon de la Libération.

Née le 12 juin 1922 à Paris, Anise Girard, était résistante dans le réseau de renseignement SMH Gloria de l’Intelligence Service. Arrêtée en août 1942, elle est internée à la prison de La Santé puis à Fresnes. Déportée NN (Nacht und Nebel) en octobre 1943 au camp de concentration de Ravensbrück avec notamment Germaine Tillion qui restera une amie proche, elle est libérée par la Croix rouge suédoise en avril 1945. Son père et son frère furent également déportés pour faits de Résistance. Anise Postel-Vinay enquêta  sur les assassinats par gaz des femmes sélectionnées à Ravensbrück,  à Ravensbrück même et dans d'autres lieux.  Elle était cofondatrice de l'association Germaine Tillion, et sa première secrétaire générale.

27 mai, journée nationale de la Résistance

Carte de membre du CNR de Jean-Pierre Levy Jean-Pierre Levy, après son évasion de juin 1944, représente Franc-Tireur au sein du CNR. Don de Gilles-Pierre Levy N° d'inventaire 2015.10.1
© Musée de l'Ordre de la Libération

Le Conseil de la Résistance (il ne s’appelle pas encore Conseil national de la Résistance) est réuni clandestinement sous la présidence de Jean Moulin pour la première fois le 27 mai 1943, au 1er  étage du 48 rue du Four à Paris, dans le VIe arrondissement, dans un appartement prêté par René Corbin, ancien collègue de Jean Moulin au cabinet de Pierre Cot, ministre de l’Air du Front populaire. Pour des raisons de sécurité, aucun des membres ne connait l'adresse. Robert Chambeiron et Pierre Meunier, membres de la délégation générale de Jean Moulin, sont chargés d'amener par petits groupes les dix-sept participants, alors que son secrétaire, Daniel Cordier, assure la surveillance depuis la rue...

Le Conseil de la Résistance comprend huit représentants de mouvements des deux zones : Ceux de la Libération (Roger Coquoin), Ceux de la Résistance (Jacques Lecompte-Boinet), Libération-Nord (Charles Laurent), l’Organisation civile et militaire (Jacques-Henri Simon), Combat (Claude Bourdet), Franc-Tireur (Eugène Claudius-Petit), Libération-Sud (Pascal Copeau) et Front national (Pierre Villon), les représentants des deux syndicats ouvriers CFTC (Gaston Tessier) et CGT réunifiée (Louis Saillant) et six partis politiques : parti communiste (André Mercier), parti socialiste (André Le Troquer), parti radical (Marc Rucart), parti démocrate populaire (Georges Bidault), Alliance démocratique (Joseph Laniel) et Fédération républicaine (Jacques Debû-Bridel).

Ce 27 mai 1943, la réunion du Conseil de la Résistance symbolise la difficile union, désormais en marche, de la Résistance française, obtenue en grande partie par l’action de Jean Moulin. Cette union se concrétise également par le vote après débats mais à l’unanimité d’une motion reconnaissant le général de Gaulle comme seul chef de la Résistance. Cette motion apporte à ce dernier, aux yeux du monde et des Alliés, la caution essentielle de la France résistante et clandestine. Fort de ce soutien, de Gaulle rejoint Alger le 30 mai pour co-présider le Comité français de la Libération nationale avec le général Giraud et préparer la libération de la France sur une base démocratique.

Avec son président Jean Moulin, le Conseil national de la Résistance compte alors 17 membres. Six sont Compagnons de la Libération et onze sont médaillés de la Résistance dont dix avec rosette. Certains d’entre eux seront arrêtés, tués ou déportés, d'autres appelés à Alger pour faire partie du CFLN ou pour siéger à l'Assemblée consultative provisoire. Ils seront alors remplacés par d'autres membres de leur organisation.

Casque français Adrian modèle 1935 pour les équipages de char de combat ayant appartenu à René-Georges Pailleret

© Musée de l'Ordre de la Libération

En 1940, ce casque équipe les troupes blindées du corps expéditionnaire français en Norvège qui combat les Allemands d’avril à juin avant de rejoindre l’Angleterre depuis la Bretagne devant l’avancée ennemie.

Encore étudiant lorsque la guerre éclate, René-Georges Pailleret s’embarque à Saint-Jean-de-Luz après l’armistice pour gagner la Grande-Bretagne. Engagé dans les Forces françaises libres, il commence son entraînement avec du matériel français rapporté par le corps expéditionnaire de Norvège. Ce casque fait partie de son équipement de chasseur de 1ère classe et il le porte de septembre à novembre 1940 durant de l’opération de Dakar, au Cameroun et lors du ralliement du Gabon. 

16 mai 1940 : la défense de Montcornet

© Musée de l'Ordre de la Libération

Ordre d'opérations du colonel de Gaulle, commandant par intérim, la 4e division cuirassée de réserve

Cet ordre du 16 mai 1940 concerne la défense de Montcornet (Aisne). Le 13 mai 1940, les blindés allemands (7 divisions) ont percé le front de la Meuse à Dinant et à Sedan. Les alliés franco-britanniques n’ont plus de réserve pour colmater la brèche et les arrêter ; le 15 mai 1940, alors que les chars allemands sont à deux jours de Paris et qu’un front continu est en cours de constitution sur le canal de l’Ailette et l’Aisne, le colonel de Gaulle est chargé avec la 4e DCR de couvrir ce front pour protéger la capitale en attaquant du sud (Laon) vers le nord (Montcornet) les chars allemands venant de Sedan ; le 17, deux bataillons de chars français entrent dans Montcornet mais ne peuvent s’y maintenir faute de soutien d’infanterie et d’aviation.

Ce document a appartenu à Marcel Marcus (1902-1944), centralien et artilleur, qui a servi sous les ordres du colonel de Gaulle durant la campagne de 1940 avant de s’engager dans la Résistance et de trouver la mort au combat en octobre 1944 près de Besançon.

Don d’Éliane Decam, fille de Marcel Marcus, médaillé de la Résistance.

1 feuillet recto, dactylographié, signature autographe.

" 1940 ! Paroles de rebelles", exposition du 17 septembre 2020 au 3 janvier 2021

© Musée de l'Ordre de la Libération

Les conséquences du report d'une exposition

Dans ce contexte si particulier que connait la France actuellement, la plupart des musées ont vu leur programmation culturelle de 2020 bouleversée. C’est le cas du musée de l’Ordre de la Libération, qui a pris la décision de reporter son exposition « 1940 ! Paroles de rebelles » (initialement prévue du 15 juin au 20 septembre 2020) du 17 septembre 2020 au 3 janvier 2021.

Mais finalement qu’implique de reporter une exposition ?

La programmation culturelle d'un musée se décide souvent très longtemps en amont. Généralement, le travail sur une exposition temporaire débute deux ans avant son ouverture par le choix de la thématique, la recherche documentaire et la sélection des objets.

Modifier les dates d’une exposition implique de vérifier que celles-ci puissent s’intégrer dans une programmation déjà construite. L’exposition temporaire suivante étant prévue en 2021, le musée a ainsi pu reprogrammer « 1940 ! Paroles de rebelles », en respectant les consignes sanitaires gouvernementales et en se donnant la chance de pouvoir l’ouvrir au public.

La création d’une exposition temporaire concerne un nombre important d’acteurs : les commissaires qui décident du sujet, sélectionnent les objets et écrivent les textes de l’ensemble de l’exposition ; les scénographes qui mettent en scène ce discours ; les graphistes qui créent une ambiance en lien avec ce que souhaitent les commissaires ; les prêteurs (institutionnels ou particuliers) qui acceptent que leurs objets soient présentés ; la régie des œuvres qui fait le lien avec les commissaires, les prêteurs, les scénographes et qui s’occupe des conditions de transport, de présentation et d’installation des œuvres ; les entreprises associées à la création de l’exposition ; la communication qui la met en valeur, ainsi que l’ensemble des équipes de l’Ordre de la Libération.

Après avoir décidé du report, il faut, dans un premier temps, informer les personnes et entreprises concernées et très rapidement contacter les prêteurs pour s’assurer de leur accord pour la prolongation des prêts. Après accord, il convient de rédiger des avenants aux conventions de prêt, y compris pour les sociétés de production dont des extraits de films sont utilisés dans l’exposition. De même, il faut modifier les contrats d’assurance, en les prolongeant ou en les décalant, puisque chaque œuvre est assurée pour la garantie des prêteurs.

Ensuite, il est nécessaire de modifier le planning de montage de l’exposition qui commence avec l’installation du mobilier et qui se termine…par l’inauguration…. L’installation des objets étant l’action la plus importantes lors d’un montage d’exposition, toutes les autres doivent s’organiser en fonction de celle-ci : le mobilier doit être fabriqué et monté en amont ; le graphisme sur les murs et à l’intérieur des vitrines est posé quelques jours avant l’installation des objets ; pour finir, le réglage des lumières se fait une fois les objets installés en respectant les conditions de présentation des œuvres.

En parallèle, le report de l’exposition entraine également une adaptation de la communication (modification de l’affiche et des supports de communication, recalage du calendrier d’actions, rédaction de communiqué de presse, etc.).

Il faut aussi revoir la planification avec l’éditeur du catalogue afin qu’il puisse paraitre au moment de l’ouverture de l’exposition. Enfin, l’offre de médiation du musée doit également être en partie modifiée pour prendre en compte les nouvelles dates et adapter les propositions autour de l’exposition.

Reporter une exposition implique donc d’importants changements pour les équipes du musée et pour tous ceux qui contribuent à sa création. Mais c’est le prix à payer pour que le public puisse, dans les meilleures conditions possibles, découvrir un sujet inédit, et en l’occurrence, les mots de ces "rebelles de 1940".

Vareuse de l’armée de l’air de Jacques Joubert des Ouches présentée dans cette exposition ©ECPAD
© ECPAD
Revolver Mas de Paul Jourdier présenté dans cette exposition © Musée de l’Ordre de la Libération
© Musée de l'Ordre de la Libération

Cérémonies commémoratives du 75e anniversaire de la victoire de 1945

Willi et Charles Porcheron
© Musée de l'Ordre de la Libération

En Nouvelle-Calédonie

 

Le 8 mai 2020, à l’occasion de la commémoration du 75e anniversaire de la victoire de 1945, le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, Thierry Santa, a présenté pour la première fois le drapeau de la médaille de la Résistance de Nouvelle-Calédonie.

A l’origine de cette création, Jean-Michel Porcheron, fils de Willi Porcheron (médaillé de la Résistance avec rosette) et neveu de Charles Porcheron (Compagnon de la Libération), nous en a donné les raisons :

« Les communes décorées sont regroupées en une association : l'association nationale des communes médaillées de la Résistance française. Cette association possède un drapeau qui change de ville chaque année. Le maire devient donc le président de l'association pour un an et une assemblée générale se tient lors de la remise du drapeau. Le 13 juillet 2018, des représentants de Nantua, accompagnés de membres de l'A.N.C.M.R.F. ont remis le drapeau national à la maire de Nouméa qui me désigna comme porte-drapeau. Je fus présent à toutes les cérémonies patriotiques jusqu'à mon départ pour Oyonnax, accompagné de Sonia Lagarde afin de transmettre ce drapeau le 28 septembre 2019. Lors de cette cérémonie, je me suis aperçu que les 17 autres collectivités avaient leur propre drapeau et étaient présentes à chaque passation. A mon retour, j'ai contacté le président du Gouvernement, monsieur Thierry Santa afin de lui demander de doter la Nouvelle-Calédonie de son drapeau. Il répondit favorablement à ma demande et ce drapeau flotta pour la première fois le 8 mai devant le monument aux morts de Nouméa. »

Présentation du drapeau de la médaille de la Résistance française de la Nouvelle Calédonie A gauche Jean-Michel Porcheron, le porte-drapeau et à droite Thierry Santa, président du gouvernement de la Nouvelle Calédonie.
© Ordre de la Libération
© Ordre de la Libération
© Ordre de la Libération
Nouméa (Nouvelle-Calédonie), 24 juin 1940. Première manifestation de la population calédonienne devant la mairie pour affirmer sa volonté de continuer la lutte contre les puissances de l'Axe aux côtés de la Grande-Bretagne. Photo Marcel Médard.
© Musée de l'Ordre de la Libération

Le Territoire de la Nouvelle-Calédonie fait partie des 18 collectivités territoriales à avoir reçu la médaille de la Résistance française par décret du 24 avril 1946 pour les faits suivants :

« Sous la pression de ses habitants, la Nouvelle-Calédonie se rallie à la France libre le 19 septembre 1940. Située au large des côtes australiennes, l’île joue un rôle stratégique primordiale pour les Américains en guerre dans le Pacifique. Des dizaines de milliers de soldats alliés, le personnel civil, l’armement et le matériel, stationnent ou transitent en Nouvelle-Calédonie. Ses ressources minières sont également un atout majeur. Elle fournit en outre, avec le bataillon du Pacifique, une unité de volontaires qui se distingue à Bir-Hakeim (Libye) puis dans tous les combats d’Afrique et d’Europe. ».

A Marsoulas, commune médaillée de la Résistance française

© Ordre de la Libération

Les villes médaillées de la Résistance française sont à l’honneur à l’occasion des commémorations du 75e anniversaire de la victoire de 1945.

M. Étienne Guyot, préfet de la région Occitanie, a déposé une gerbe au monument à la gloire des combattants, en présence de M. Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et d'autres autorités civiles et militaires. Le seul drapeau de la commune de Marsoulas, médaillée de la Résistance française, représentait les diverses institutions et associations participant habituellement à cette cérémonie et tenues éloignées pour cause de confinement.

 

Disparition du maire de Nantua, commune médaillée de la Résistance française

© Ordre de la Libération

L'Ordre de la Libération a eu le regret d’apprendre le décès de Jean-Pierre Carminati, maire de Nantua, commune médaillée de la Résistance française. Il a présidé l'association nationale des communes médaillées de la Résistance française de septembre 2017 à septembre 2018.

 

Témoignage de Renaud Donzel, adjoint au maire de Nantua

" Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre" . Cette phrase de Churchill a guidé Jean-Pierre Carminati durant ses 12 années de mandat de maire de Nantua et durant sa présidence à l’association nationale des communes médaillées de la Résistance.

A Nantua, il n’a eu de cesse d’associer les scolaires de sa ville aux différentes manifestations patriotiques, des classes de primaire au secondaire. Par deux fois, il les a emmenés participer au ravivage de la flamme à l’Arc de Triomphe dont le 9 février 2018.

Le 9 septembre 2017, il avait eu l’honneur de recevoir à Nantua Geneviève Darrieussecq pour sa première sortie officielle comme Secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées à l’occasion de la cérémonie de passation du drapeau des communes médaillées de la Résistance française ainsi que pour la réouverture du musée départemental d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura.

Le 9 février 2018, il avait co-présidé la cérémonie du 75e anniversaire de la création de la médaille de la Résistance française aux Invalides avec le général Baptiste, délégué national de l’Ordre de la Libération.

Sa dernière action mémorielle fut sa présence lors de la cérémonie de passation du drapeau des communes médaillées de la Résistance française à Oyonnax le 29 septembre 2019 à Oyonnax, ville où il avait rencontré dans le cadre de l’ANCMRF le 11 novembre 2013 le président de la République François Hollande venu présider la cérémonie du défilé des maquis de l’Ain et du Haut-Jura du 11 novembre 1943.

Il laisse le souvenir d’un homme engagé, soucieux de la transmission du devoir de mémoire auprès des jeunes.

 

Monsieur Carminati lors du ravivage de la Flamme sous l'Arc de Triomphe à l'occasion du 75e anniversaire de la création de la médaille de la Résistance française.
© Ordre de la Libération
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Jeu-Concours | Les Compagnons et les faux papiers

© Musée de l'Ordre de la Libération

Durant 6 semaines et de surcroit en cette période un peu particulière de confinement, l'Ordre de la Libération a proposé à ses abonnés sur Facebook un jeu-concours en partenariat avec l'association des amis du musée de l'Ordre de la Libération. Chaque semaine les internautes devaient retrouver, de façon méticuleuse, l'identité d'un Compagnon de la Libération à travers une fausse carte d'identité qui leur était présentée.

Merci à tous ceux qui ont participé ainsi qu'à l'AAMOL qui offre aux six gagnants un exemplaire du catalogue de l’exposition "De l'Asie à la France libre, Joseph et Marie Hackin, archéologues et Compagnons de la Libération".

Et vous, auriez vous deviné ?

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FAUSSE CARTE D'IDENTITE DE L'ETAT FRANCAIS (N°256) DE JOSE ABOULKER AU NOM DE JEAN COURCELLES DATEE DU 26 JANVIER 1944
© Musée de l'Ordre de la Libération
FAUX PERMIS DE CONDUIRE n°3794 DELIVRE A SERGE RAVANEL SOUS LE PSEUDONYME DE CHARLES GUILLEMOT.
© Musée de l'Ordre de la Libération
FAUSSE CARTE D'IDENTITE ETABLIE A TOULOUSE POUR JEAN-PIERRE VERNANT EN 1943
© Musée de l'Ordre de la Libération

Retrouvez les évènements du mois de juin ci-dessous :

2 JUIN

© Flammarion

Le 2 juin sort en librairie le nouvel ouvrage d’Aurélie Luneau intitulé  L’Appel du 18 juin chez Flammarion. Dans un récit vivant et nourri d’anecdotes, l’historienne et productrice Aurélie Luneau raconte la genèse et la portée de l’Appel du 18 juin, désormais l’une des grandes dates de l’histoire de France, un symbole qui a traversé le temps et surmonté les querelles partisanes. L’Ordre de la Libération est partenaire de cet ouvrage pour lequel le musée de l’Ordre de la Libération a fourni l’essentiel de l’iconographie.

15 JUIN

© Ordre de la Libération

Diffusion du 10e et dernier épisode de notre série sur la chaine Youtube de Nota Bene. Il sera consacré au commando Kieffer. 

« Les derniers Compagnons de la Libération » sur Toute l’Histoire le 18 juin 2020 à 20h40

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Ecrit par Benoit Hopquin et Jean-Charles Deniau , le film documentaire « Les derniers Compagnons de la Libération » sera diffusé le 18 juin 2020 en prime time (20h40) sur la chaine Toute l'Histoire (Free canal 206, Orange canal 121, SFR canal 183, Bouygues canal 213, Canal plus canal 89).

Cérémonie du 18 juin retransmise en direct

© Ordre de la Libération

Cette année, alors que nous commémorons le 80e anniversaire de l'Appel du 18 juin du général de Gaulle en format très réduit compte tenu de la pandémie, la cérémonie officielle présidée par le président de la République devrait être a priori retransmise en direct sur France 2 et une chaine d'information continue. Elle devrait débuter à 10h30.

Prochaine newsletter

© Musée de l'Ordre de la Libération

Notre prochaine newsletter paraitra mi-juillet juste avant les vacances d'été !

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