Musée de l'ordre de la Libération

Armée de terre

Des unités se constituent dans l'armée de terre après l'appel du 18 juin 1940. Ce sont pour la plupart de simples bataillons voire même de simples compagnies qui, peu à peu, à la faveur des ralliements de territoires et de l'afflux de nouveaux volontaires, se transforment en régiments. Ceux-ci combattent principalement au sein des deux grandes unités françaises libres "historiques" que sont la 1ère division française libre (1ère DFL) et la 2e division blindée (2e DB). Pour leur participation active et ininterrompue aux opérations de 1940 à 1945, neuf de ces unités sont distinguées par l'attribution de la croix de la Libération.

Qastina, avril 1941, le commandant de Roux passe en revue le Bataillon de marche n° 2

Le 29 août 1940, sous l'impulsion du gouverneur Pierre de Saint-Mart, l'Oubangui-Chari (actuelle République centrafricaine) se rallie à la France libre. Quelques semaines plus tard, le 1er novembre 1940, à partir des éléments ralliés du Bataillon de tirailleurs de l'Oubangui (BTO) et du Bataillon de tirailleurs sénégalais de l'Oubangui-Chari (BTSOC) est créé, à Bangui, le 2e Bataillon de marche de l'Afrique équatoriale française (ou Bataillon de marche de l'Oubangui-Chari).

Placés sous les ordres du commandant de Roux, 25 officiers, 115 sous-officiers et plus de 800 hommes de troupe africains constituent cette formation. Le Bataillon, communément appelé BM2, est composé de trois compagnies de voltigeurs, respectivement commandées par le capitaine Amiel, le lieutenant Hautefeuille et le lieutenant Féraud, d'une compagnie lourde commandée par le capitaine de Bricourt et du groupe franc du lieutenant Pierre-Louis Bourgoin.

Début janvier 1941, le BM2, après avoir reçu son fanion, quitte Bangui pour rejoindre Brazzaville, au Congo, où il reçoit de nouvelles recrues. Il fait de nouveau mouvement vers Durban, en février, avant de gagner Suez, en avril, puis Qastina, en Palestine, où se regroupent la majeure partie des forces terrestres de la France libre. Le 26 mai 1941, le Bataillon est passé en revue par le général de Gaulle.

Rattaché avec le BM 1 et la Légion étrangère à la 1ère Demi-brigade du général Cazaud, le BM2 reçoit le baptême du feu lors de la campagne de Syrie. Il est engagé notamment lors de la prise de Damas le 21 juin 1941 puis lors des combats de Nebek le 30 juin. Début août, après avoir accueilli quelques volontaires du Levant, le Bataillon fait mouvement sur Alep. A Mayadine aux confins de l'Euphrate, la 5e compagnie du BM 2 sous les ordres du chef de bataillon Amiel, livre le 29 septembre 1941 un dur combat face aux Bédouins révoltés. En octobre, le chef de bataillon Amiel remplace à la tête du BM 2 le lieutenant-colonel de Roux, nommé commandant des Territoires Nord-Syrie.

Fin novembre, le BM 2 quitte Alep pour Tartous et prend part aux manœuvres organisées par le général Koenig commandant de la 1ère Brigade française libre (1ère BFL), avant de partir, avec elle, pour l'Egypte puis pour la Libye. Le 15 janvier 1942, le BM2 prend position devant Halfaya, où sont retranchés 5 000 italo-allemands. Le surlendemain, la position est prise. Au mois de février 1942, le Bataillon, avec la 1ère BFL, se dirige vers Bir-Hakeim, dans le désert de Libye, où il occupe le nord du dispositif, passant trois mois à aménager la position.

Il participe aussi aux missions de reconnaissance et de harcèlement de l'ennemi (Jock colonnes) jusqu'au 27 mai, date du déclenchement de l'offensive italo-allemande sur la position. L'unité tient bon et sort en arrière garde de la position dans la nuit du 10 au 11 juin 1942. Elle relève dans ses rangs, à la suite des quinze jours de siège et de la sortie de Bir-Hakeim, plus de 200 tués ou disparus et de nombreux blessés. Transféré au Liban en juillet 1942, le Bataillon reçoit la croix de la Libération que le général de Gaulle épingle sur son fanion le 29 août 1942 à Beyrouth, le lendemain de la mort accidentelle de son ancien chef, le lieutenant-colonel de Roux.

Désigné pour une mission de souveraineté à Madagascar, le BM 2 quitte le Liban le 3 janvier 1943. Sa présence a pour but d'asseoir l'autorité du haut-commissaire Legentilhomme, d'assurer l'ordre et de contrer la volonté de l'Afrique du Sud de se maintenir sur place. Le Bataillon débarque à Tamatave en février 1943. Relevé par le BM 10, il quitte Madagascar pour Bangui où il parvient en octobre 1943. Après un mois de permission pour les tirailleurs, l'entraînement reprend. En mars 1944, le Bataillon, toujours sous les ordres du chef de bataillon Amiel, s'embarque pour le Maroc avant de séjourner en Algérie.

Après une pénible période d'attente et malgré son désir de prendre part au combat, il ne parvient en France, à Marseille, qu'en janvier 1945. Immédiatement affecté sur le front de l'Atlantique commandé par le général de Larminat, il prend position aux avant-postes de Royan et mène d'abord de nombreuses patrouilles en février et mars. Constitué de 5 compagnies dont une compagnie hors rang et une compagnie lourde, le BM2 se distingue ensuite particulièrement les 15 et 16 avril en enlevant une série de positions ennemies truffées de blockhaus et en prenant le village de Didonne. Il compte pour les combats de libération de Royan 23 tués et 84 blessés. Transporté sur le front de La Rochelle le 30 avril, le Bataillon participe aux dernières opérations de nettoyage jusqu'à la capitulation allemande.

Le 18 juin 1945, à Paris, un détachement du BM2 a l'honneur de défiler sous l'Arc de Triomphe. Rapidement, les réservistes quittent le bataillon avant le rapatriement des Africains à partir de septembre 1945 alors que les cadres rejoignent diverses affectations. Le Bataillon de marche n° 2 est officiellement dissout le 1er novembre 1945. Durant tous les combats auxquels il a pris part, il aura perdu 473 des siens, 167 tués et 306 blessés. 20 compagnons de la Libération sont issus de ses rangs.

  • Compagnon de la Libération – décret du 9 septembre 1942
  • Croix de Guerre 1939-45 (2 palmes)
La Légion dans le désert
La Légion dans le désert

La 13e Demi-brigade de légion étrangère (13e DBLE) est créée en février 1940 à Sidi-Bel-Abbès en Algérie, à partir des volontaires du 1er Régiment étranger d'infanterie (1er REI) et des régiments stationnés au Maroc. Elle doit faire partie du corps expéditionnaire destiné à soutenir dans un premier temps les Finlandais contre les Russes. En réalité, elle opère en Norvège contre les Allemands avec le corps expéditionnaire français commandé par le général Béthouart.

Elle débarque à Bjervik le 13 mai puis conquiert Narvik du 28 mai au 2 juin 1940. L'invasion de la France par l'Allemagne fait qu'elle est rapatriée vers Brest à la mi-juin puis rapidement repliée en Grande-Bretagne où, le 29 juin 1940, le colonel Magrin-Vernerey – qui prend le nom de guerre de Raoul Monclar – et un millier de ses hommes choisissent de rallier le général de Gaulle et la France libre. Ces volontaires forment alors la 14e Demi-brigade de marche de la Légion étrangère (14e DBMLE) qui part le 31 août 1940 pour l'expédition de Dakar visant à faire revenir l'AOF dans la guerre.

Apres l'échec de Dakar fin septembre 1940, la 14e DBMLE, commandée par le lieutenant-colonel Cazaud, débarque en Afrique équatoriale française et participe au ralliement du Gabon en novembre 1940. Début 1941 elle reprend son ancienne appellation de 13e DBLE. Au sein de la Brigade française d'Orient, elle contourne ensuite l'Afrique pour participer aux combats qui font rage en Erythrée contre les forces italiennes. Après trois mois d'un voyage très pénible, et dans des conditions extrêmes dues à la chaleur, les légionnaires accomplissent leur devoir brillamment, participant aux combats de l'Enghiahat, à la prise de Keren (27 mars 1941) et de Massaoua (8 avril 1941) faisant plus de 10 000 prisonniers.

Après avoir gagné Qastina, en Palestine, où se regroupe la majeure partie des troupes terrestres des Forces françaises libres (FFL), la 13e DBLE participe contre les troupes de Vichy à la fratricide campagne de Syrie et à la prise de Damas, le 21 juin 1941. En octobre 1941, le nouveau chef de corps, le lieutenant-colonel Amilakvari reçoit, à Homs, le premier drapeau de la 13e DBLE des mains du général Catroux. Des trois bataillons que compte désormais la « 13 », le premier, sous les ordres du chef de bataillon de Bollardière, est rattaché à la 2e Brigade française libre du général Cazaud et les deux autres à la 1ère Brigade du général Koenig.

A la mi-février 1942, les légionnaires des 2e et 3e Bataillon s'installent à Bir-Hakeim avec les autres unités de la 1ère Brigade, avec pour mission de contenir l'avance irrésistible des troupes italo-allemandes du général Rommel qui menace la 8e Armée britannique, repliée à Alexandrie. A Bir-Hakeim, les légionnaires organisent la défense et participent avec efficacité aux patrouilles en profondeur, les "Jock Columns".

Du 27 mai au 10 juin, la "13", comme toutes les autres unités françaises, subit les violentes attaques des troupes de l'Axe. Les légionnaires, sous les ordres du lieutenant-colonel Amilakvari accomplissent leur mission sans défaillir, malgré le manque d'eau et les conditions de vie les plus rudes. Cette résistance permet au commandement britannique de se réorganiser. Après l'évacuation de vive force de la position, dans la nuit du 10 au 11 juin, la "13" part panser ses plaies, durant trois mois, en plein désert, au sud du Caire. 

A peine remise de ses blessures, la Légion qui ne compte plus que deux bataillons (avec une compagnie de commandement et une compagnie antichar) est engagée le 23 octobre 1942, avec la 1ère Brigade, dans une opération de diversion, chargée de soulager l'attaque principale des forces alliées qui se déroule à El Alamein en Egypte. Là, elle participe à la difficile attaque du piton de l'Himeimat, parvient à immobiliser deux divisions blindées mais perd son chef prestigieux, Dimitri Amilakvari, mortellement blessé. Poursuivant son périple par Tobrouk, la Demi-brigade, désormais commandée par le chef de bataillon Bablon, rejoint la Tunisie par Tripoli et Benghazi et est engagé, en mai 1943, notamment à Takrouna.

Envoyée « en pénitence » en Tripolitaine avec l'ensemble de la 1ère Division française libre (1ère DFL), la 13e DBLE regagne la Tunisie en septembre 1943 avant de recevoir des renforts d'Afrique du Nord et de parfaire son instruction en vue de sa participation aux opérations d'Italie. En avril 1944, elle débarque en Italie avec la 1ère DFL placée sous les ordres du général Diego Brosset. Avec ses deux bataillons, sa compagnie de canons de 105 et sa compagnie antichar, elle se distingue tout au long de la campagne et en particulier à Pontecorvo, Monte Leucio, San Lorenzo, Acquapendente et Radicofani. La Légion accuse cependant la perte de 3 officiers et 103 sous-officiers et légionnaires tués alors que 14 officiers et 346 sous-officiers et légionnaires ont été blessés.

Le 16 août 1944, elle débarque en Provence avec l'armée B du général de Lattre de Tassigny et prend part à la prise de Toulon et à la libération d'Hyères, Avignon, Lyon, Autun, Dijon, Besançon et des Vosges. La libération du sol national se fait lentement mais inexorablement. Dans les Vosges, les combats sont furieux et meurtriers, souvent au corps à corps et la « 13 » y joue un rôle décisif dans le dégagement de la route de Remiremont en appui de la 3e DIA. Elle prend également une part active aux combats de Gérardmer, du Ballon d'Alsace et de Masevaux.

Début 1945, l'unité, constituée désormais de trois bataillons grâce à des renforts ukrainiens notamment, sous les ordres chef de bataillon Arnault, participe dans des conditions climatiques extrêmes à la protection de Strasbourg, puis à la libération de Colmar. En mars 1945, le lieutenant-colonel Saint-Hillier prend le commandement de la « 13 » qui, après avoir reçu son drapeau à Paris le 2 avril, est décorée une semaine plus tard à Nice de la croix de la Libération par le général de Gaulle. La guerre n'est pas terminée pour autant et la « 13 » en avril et mai, prend part aux durs combats de l'Authion, dans le sud des Alpes, où les Allemands retranchés, résistent âprement. Puis, les légionnaires entrent en Italie, ce qui permettra plus tard de repousser la frontière plus à l'est.

Partis d'Afrique du Nord en 1940, les légionnaires de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère ont participé à toutes les campagnes depuis la Norvège jusqu'aux portes de Turin en Italie, soit un parcours de 90 000 kilomètres. En septembre 1946, la 13e DBLE reçoit la fourragère aux couleurs de la médaille militaire et de la croix de guerre 1939-1945. Par ailleurs, à titre individuel, la "13" a compté dans ses rangs 98 Compagnons de la Libération. Aujourd'hui, la 13e Demi-brigade de légion étrangère est stationnée dans l'Aveyron, sur le plateau du Larzac. Elle a droit au port de la fourragère aux couleurs de l'ordre de la Libération.

  • Compagnon de la Libération - décret du 6 avril 1945
  • Médaille Militaire
  • Croix de Guerre 1939-45 (4 palmes)
  • Médaille de la Résistance avec rosette
  • Croix de Guerre 39/45 (Norvège)
Les premiers volontaires du Bataillon du Pacifique

Le Bataillon d'infanterie de marine et du Pacifique (BIMP) est issu de la fusion de deux bataillons décimés pendant la bataille de Bir-Hakeim, en Libye, en juin 1942 : le 1er Bataillon d'infanterie de marine (1er BIM) et le Bataillon du Pacifique (BP 1).

 

LE 1ER BATAILLON D'INFANTERIE DE MARINE 1940-1942

Le 12 juillet 1940, le 3e Bataillon du 24e Régiment d'infanterie coloniale (24e RIC) stationné à Chypre refuse l'armistice et, emmené par le capitaine Lorotte de Banes, se rassemble à Nicosie où il est reçu avec enthousiasme par les Britanniques. Dirigés vers l'Egypte, ces 350 volontaires français sont accueillis à Ismaïlia par 150 camarades du 24e RIC, commandés par le capitaine Folliot qui s'est évadé du Liban, dès le 27 juin, avec ses hommes de la 3e Compagnie, à l'aide de faux ordres de mission.

Réunis au camp de Moascar, les volontaires français décident de prendre le nom de 1er Bataillon d'infanterie de marine (1er BIM) et constituent, pour les Britanniques, le premier élément des Free French (Français libres). Le 25 août à Moascar, en présence des autorités britanniques et de représentants français, le Bataillon reçoit solennellement son drapeau accompagné de l'Union Jack. Les soldats du BIM obtiennent des Anglais, non sans quelques difficultés, du matériel (radio, armement et équipement) permettant de faire face aux conditions particulières de la guerre dans le désert.

La Compagnie Folliot est la première opérationnelle et, le 6 septembre 1940, quitte Ismaïlia pour rejoindre, dans la région de Marsa Matrouh (Egypte) la 7e Division blindée britannique qui fait face à 200 000 Italiens. Début décembre, la 2e Compagnie rejoint la Compagnie Folliot au moment du déclenchement de l'offensive britannique. Folliot prend alors le commandement des deux compagnies. Le 7 décembre, les Alliés et les Français libres du BIM franchissent la frontière libyenne et s'emparent de Sollum puis de Sidi-Barrani, faisant plusieurs milliers de prisonniers. Bardia tombe le 6 janvier 1941 et Tobrouk le 21, occasionnant les premières pertes dans les rangs du BIM.

L'offensive britannique se poursuit en Libye en février 1941. Au mois de mars, sous les ordres du capitaine Jacques Savey, la 3e Compagnie, forte de 250 hommes, est envoyée rejoindre la Brigade d'Orient du colonel Raoul Monclar en Erythrée où elle prend part à la prise de Keren (27 mars) et à celle de Massaoua (8 avril).

En mai 1941 l'ensemble du BIM, désormais sous les ordre du lieutenant-colonel de Chevigné, se retrouve à Qastina, en Palestine où se rassemblent les Forces françaises libres en prévision de la campagne de Syrie. Le 27 mai, le général de Gaulle passe les troupes en revue et remet la croix de la Libération à plusieurs militaires du BIM. Lors de la campagne de Syrie de juin 1941, le Bataillon est aux avant-postes notamment lors de la prise de Damas. Il est ensuite incorporé à la 1ère Brigade française libre du général Koenig et désormais composé de deux compagnies de reconnaissance et d'une compagnie antichars sous les ordres de Jacques Savey. Fin septembre 1941, il rejoint la 8e Armée britannique en Libye. A la mi-janvier il participe à la prise d'Halfaya avant d'occuper avec la Brigade Koenig, la position de Bir-Hakeim, au sud de Tobrouk. Après trois mois d'organisation des défenses de Bir-Hakeim et de patrouilles dans le désert, l'offensive italo-allemande menée par Rommel commence le 27 mai 1942. A l'issue d'une résistance acharnée de 14 jours, l'ordre est donné à Koenig de quitter la position. Au cours de ces combats, le BIM a subi de lourdes pertes dont celle de son chef, le commandant Savey.

Pour en savoir plus : Liste des Compagnons de la Libération ayant appartenu au 1er BIM

 

LE BATAILLON DU PACIFIQUE 1941-1942

En octobre 1940, la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie et les Nouvelles Hébrides ralliés à la France libre mettent sur pied un bataillon. Le 21 avril 1941, le navire Monowaï quitte Papeete avec 300 volontaires Tahitiens à destination de Nouméa. Ils forment alors, avec les volontaires de la Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles-Hébrides, le Bataillon du Pacifique (BP1) à l'effectif de 550 hommes commandé par le commandant Broche.

Après 45 jours d'entraînement en Australie près de Sydney et cinq mois près de Tel Aviv en Palestine, les « Pacifiens » sont engagés dans la campagne d'Afrique au sein de la 1ère Brigade française libre du général Koenig. Le 28 décembre 1941, la 1ère BFL au complet se met en marche vers la Libye.

 



LES PREMIERS VOLONTAIRES DU BATAILLON DU PACIFIQUE

Le baptême du feu du BP 1 a lieu le 15 janvier 1942, à la frontière égypto-libyenne à Halfaya où 6 300 Italiens et Allemands sont retranchés. L'engagement tourne court car l'ennemi capitule et se rend en masse.

Le 14 février 1942, la Brigade Koenig relève une unité britannique à Bir-Hakeim. Pendant trois mois, elle aménage la position et organise des patrouilles profondes (Jock columns) qui harcèlent l'ennemi en rapportant des renseignements. A l'aube du 27 mai 1942 la division italienne Ariete déclenche la première attaque. Le BP 1 occupe le flanc sud ouest de la position ; il reçoit et repousse, le 6 juin, la première attaque d'envergure. Dans des conditions extrêmes, le Bataillon parvient à maintenir ses positions mais, le 9 juin deux jours avant la sortie, lors d'une attaque générale, il perd son chef, le lieutenant-colonel Broche et son adjoint le capitaine de Bricourt.

Le 10 juin le commandement britannique donne l'ordre d'évacuer la position. Après avoir repoussé à nouveaux les assauts toute la journée, les Français quittent la position en brisant le cercle d'acier de l'ennemi et parviennent à rejoindre la VIII Armée britannique. La 1ère Brigade a tenu quinze jours sa position et ce retard imposé à l'Afrika Korps a permis aux anglais du général Montgomery de se réorganiser à Alexandrie.

Pour en savoir plus : Liste des Compagnons de la Libération ayant appartenu au BP1

 

LE BATAILLON D'INFANTERIE DE MARINE ET DU PACIFIQUE

Fortement éprouvées par la bataille de Bir-Hakeim, les unités constituant la 1ère Brigade doivent être regroupées. C'est ainsi que le BP 1 et le 1er BIM, qui ont tous les deux perdu leur commandant, fusionnent pour former le Bataillon d'infanterie de marine et du Pacifique (BIMP).

Le Bataillon, sous les ordres du commandant Bouillon, compte un peu moins de 700 hommes et fait partie intégrante de la 1ère Division française libre. Après la bataille d'El Alamein (Egypte), qui stoppe l'avancée des forces de l'Axe, le BIMP est la seule unité française, avec une colonne volante de chars et d'automitrailleuses des spahis marocains, à être détachée auprès de la 8e armée britannique pour prendre part à la poursuite offensive de l'ennemi qui s'amorce dès le 5 novembre 1942.

Dans le sillage des Anglais, le BIMP pénètre en Tunisie le 23 février 1943. Rommel contre-attaque mais il échoue. Du 14 mars au 5 mai, le BIMP est la seule unité de la 1ère DFL à opérer en Tunisie avec les troupes de la Force L du général Leclerc. Le 13 mai 1943 enfin, c'est la reddition générale des forces de l'axe. La division dénombre ses prisonniers : 1 200 officiers et 23 000 hommes.

Après la campagne de Tunisie, le BIMP est renforcé par l'arrivée de volontaires d'Afrique du Nord, d'évadés de France par l'Espagne et de Corses. Commence une période de réorganisation et d'entraînement intensif. Le BIMP est incorporé, en octobre 1943, à la 4e Brigade de la 1ère DFL du général Brosset.

Le 20 avril 1944, avec la DFL, le BIMP débarque en Italie. L'offensive générale est déclenchée le 11 mai au soir. Au cours des combats devant San Giorgio le 16 mai, le Bataillon perd son chef, le chef de bataillon Magny, qui tombe à la tête de la 3e Compagnie. La DFL repart à l'attaque et atteint ses objectifs. Le Girofano est encerclé et la ligne Gustav est rompue. Le 4 juin, les faubourgs de Rome sont atteints, une compagnie du BIMP y fait son entrée et défile seule. Le 30 juin 1944 à Naples, le général de Gaulle passe en revue la 1ère DFL. Le BIMP est cité à l'ordre de l'armée et son fanion reçoit la croix de guerre.

Dans la nuit du 16 au 17 août 1944, le BIMP débarque en Provence et se distingue dès le 20 devant Hyères en enlevant le Golf-Hôtel, aménagé en forteresse par les Allemands. Il participe ensuite au nettoyage des forts de l'Est de Toulon, à la remontée de la Vallée du Rhône puis aux combats des Vosges.

 



LE BIMP EN 1943

Mais les troupes d'outremer, tirailleurs africains et volontaires du Pacifique supportant mal le froid, le haut commandement décide de procéder à une relève générale qui concerne quelque 6 300 hommes, dont 275 Calédoniens et Tahitiens du BIMP. Ces survivants du Bataillon du Pacifique de 1941 sont remplacés par des jeunes engagés métropolitains et par des FFI. Les "Pacifiens" sont alors dirigés sur Paris en attendant leur rapatriement.

Puis, le BIMP livre pendant tout le mois de novembre, de durs combats sur les contreforts des Vosges, en vue d'ouvrir la route de la Basse Alsace. Le 4 décembre 1944, le Bataillon, en repos avec sa division dans la région de Vesoul, quitte le front des Vosges pour la région de Bordeaux, où la 1ère DFL se regroupe en vue d'une action de force contre les poches de l'Atlantique.

Mais quelques jours plus tard, l'attaque allemande menée par von Rundstedt dans les Ardennes belges oblige la Division à revenir rapidement en Alsace pour y défendre Strasbourg. L'ennemi attaque le 7 janvier 1945. Par des températures polaires, le BIMP, qui tient Rossfeld et Herbsheim, subit de violents assauts, mais réussit à conserver ses positions, malgré la précarité de ses liaisons avec l'arrière. Epuisé par ces durs combats, le BIMP est relevé par le 1er Bataillon de Légion étrangère, et placé en réserve. Malgré son usure, conséquences des combats du début janvier, le BIMP se voit confier un secteur défensif pendant l'attaque contre la poche de Colmar à laquelle participent les autres unités de la Division jusqu'au 7 mars 1945.



Le BIMP monte la garde au Rhin avant de faire mouvement avec la 1ère DFL pour le front des Alpes, où cette dernière prend position face au massif de l'Authion. Le 9 avril 1945, à Nice, le général de Gaulle remet la croix de la Libération au BIMP, épinglant la décoration sur le calot du caporal Pécro, tenant lieu pour l'occasion de fanion. Dès le lendemain, le BIMP mène l'attaque frontale du massif de l'Authion. Au prix de lourdes pertes, il lutte pendant quatre jours pour arracher les derniers verrous allemands. C'est la dernière action du BIMP avant l'Armistice du 8 mai 1945.

Aujourd'hui, le Régiment d’infanterie de marine du Pacifique – Nouvelle Calédonie et le Régiment d’infanterie de marine du Pacifique – Polynésie sont les héritiers des traditions du BIMP.

Le 1er BIM, le BP1 et le BIMP ont compté dans leurs rangs 72 compagnons de la Libération.

  • Compagnon de la Libération - décret du 28 mai 1945
  • Croix de Guerre 39-45 (5 palmes)
Février-mars 1942, Zouar (Tibesti), la 1ère Compagnie de découverte et de combat
Février-mars 1942, Zouar (Tibesti), la 1ère Compagnie de découverte et de combat

Fin août 1940, lorsque la quasi-totalité de l'Afrique équatoriale française (Tchad, Congo et Oubangui-Chari) et le Cameroun se rallient à la France libre, le Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST) est le seul régiment constitué qui rejoint intégralement les Forces françaises libres. Unité coloniale constituée majoritairement de tirailleurs Saras et Adjeiras, renforcée par l'arrivée de volontaires, le Régiment devient rapidement une force capable d'entrer dans le combat. Ce ralliement massif est essentiellement l'œuvre de son commandant, le lieutenant-colonel Marchand, gouverneur militaire, et de Félix Eboué, gouverneur du Tchad.

Placé à partir de novembre 1940 sous les ordres du lieutenant-colonel Leclerc, commandant militaire du Tchad, le RTST fournit des hommes expérimentés, connaissant la configuration du terrain comme le commandant Ingold ou le lieutenant-colonel Colonna d'Ornano qui dirige le premier combat contre les Italiens à Mourzouk le 11 janvier 1941 au cours duquel il trouve la mort.



Rapidement, le Régiment s'équipe de matériel adapté au désert. Lors de l'expédition sur Koufra, en février et mars 1941, les éléments du Régiment qui y participe s'illustrent avec le reste de la Colonne Leclerc. Après cette victoire, l'unité est réorganisée et rééquipée. En juin-juillet 1941, le colonel Leclerc crée deux compagnies de découverte et de combat qui deviennent les fers de lance du Régiment. Puis, jusqu'à la fin de l'année ce sont les préparatifs au combat : navigation dans le désert, exercices, marches de nuit...

Du 2 février au 14 mars 1942, l'expédition sur le sud du Fezzan est un succès. Un butin important est pris ou détruit. Alors que Rommel avance sur l'Egypte, différentes patrouilles sont organisées au nord et à l'est du Tibesti. Les conditions de vie sont extrêmes, en plus de la chaleur, s'ajoutent les distances qui se chiffrent en milliers de kilomètres, le tout s'opérant loin de toute base logistique. De décembre 1942 à février 1943, le Régiment participe avec plus de 3 000 hommes à la conquête du Fezzan. L'attaque est fulgurante et très en profondeur, allant jusqu'à Tripoli. Le succès est total. Renforcé en artillerie, l'unité participe dans le cadre de la Force L jusqu'en mai 1943 à la campagne de Tunisie où elle démontre son courage au feu, particulièrement à Ksar Rhilane.

Les forces de l'Axe rejetées d'Afrique, le Régiment devient, en juillet 1943, le Régiment de marche du Tchad (RMT), incorporé à la 2e Division blindée alors en formation à Temara au Maroc, sous le commandement du général Leclerc. Pour répondre aux normes des divisions blindées US selon le modèle desquelles est constituée la 2e DB, les tirailleurs du Tchad sont remplacés, le commandement américain n'acceptant pas de noirs dans ce type d'unité.

Le RMT se renforce avec les éléments du Corps-franc d'Afrique qui s'est illustré en Tunisie et avec des jeunes évadés de France par l'Espagne. Le Régiment, sous les ordres du colonel Dio, comprend trois bataillons et une compagnie de commandement. Il est transféré en Angleterre en avril 1944 avec l'ensemble de la Division qui s'organise bientôt en différents groupements tactiques. Le 1er Bataillon du RMT, sous les ordres du commandant Farret, est rattaché au Groupement tactique Dio (GTD), le 2e Bataillon sous les ordres du commandant Massu est rattaché au Groupement tactique Langlade (GTL) et le 3e Bataillon sous les ordres du commandant Putz est rattaché au Groupement tactique Warabiot (GTV).

Le RMT débarque en Normandie, à Utah Beach, avec la 2e DB le 1er août 1944. Dès le 8 août le RMT est engagé dans les combats d'Alençon, de la forêt d'Ecouves, d'Ecouché et de Carrouges. Alençon et Argentan sont libérées et, le 24 août au soir, la 9e compagnie du 3/RMT menée par le capitaine Dronne entre dans Paris.

Lors de la campagne des Vosges, le groupement Massu se distingue en particulier à Dompaire du 11 au 14 septembre. A Anglemont, le 1er et 2 octobre 1944, le III/RMT sous les ordres du conmandant Putz reçoit et repousse une très forte contre-attaque ennemie et, en trois jours, fait 400 prisonniers et met hors de combat 200 Allemands. De son côté, le I/RMT, commandé désormais par le commandant Quilichini, se distingue également dans les Vosges et en Alsace, nettoyant le terrain boisé entre Meurthe et Vezouze, traversant Sarrebourg sous un feu meurtrier et passant le premier la Sarre à Sarraltroff, enlevant d'un seul élan les puissantes défenses de Mittelbronn, bastion avancé de la défense du col de Saverne.



Lors de la prise de Strasbourg, le 23 novembre 1944, c'est un ancien du Tchad qui hisse les couleurs françaises sur la cathédrale de la ville libérée. Les unités du RMT participent au nettoyage de l'Alsace et de la Lorraine et à la réduction de la poche de Colmar libérée en février 1945. Le Régiment entre ensuite en Allemagne avec la 2e DB et pousse jusqu'au nid d'aigle d'Hitler à Berchtesgaden dans les Alpes bavaroises où une section du III/RMT investit le Berghof.

Le 12 juin 1945, le Régiment de marche du Tchad est fait compagnon de la Libération. Il a compté dans ses rangs 70 compagnons de la Libération auquel on peut ajouter les 36 compagnons ayant servi au RTST. Aujourd'hui, le Régiment de marche du Tchad, est basé à Meyenheim en Alsace et perpétue les traditions de son glorieux aîné. Il a droit, à ce titre, au port de la fourragère aux couleurs de l'ordre de la Libération.

  • Compagnon de la Libération - décret du 12 juin 1945
  • Croix de Guerre 39/45 (4 citations)
  • Presidential Unit Citation (USA)
© Musée de l'Ordre de la Libération

Unité historique de l'Armée française dont l'origine remonte à Richelieu, le 2e Régiment d'infanterie coloniale (2e RIC) prend une part active à la campagne de France de 1940. A partir du 27 mai, il est chargé de la défense d'Amiens et résiste héroïquement jusqu'au 10 juin. Recréé en septembre 1940, dans le cadre de l'Armée d'Armistice, il est finalement dissout deux mois plus tard.

Le 24 septembre 1945, à Chelles, le général de Gaulle agrafe la croix de la Libération sur le drapeau du 2e Régiment d'infanterie coloniale :

"Unité de volontaires ralliés au général de Gaulle en Palestine sous le nom de 2e Brigade, avec les bataillons de marche qui s'étaient déjà distingués en Erythrée, a participé depuis à toutes les campagnes de la France libre et de la libération. En Syrie, en Libye à El Alamein, en Tunisie à Takrouna, en France à Toulon, à Belfort, à Colmar et dans les Alpes, ce magnifique régiment a toujours représenté l'un des corps les plus solides, les plus braves et les plus ardents de la 1èreDivision française libre. Composé à l'origine de tirailleurs d'Afrique noire encadrés de volontaires français, entièrement renouvelé par suite de ses pertes subies au cours de multiples combats, le 2e Régiment d'Infanterie Coloniale a terminé la campagne avec des jeunes engagés accourus spontanément de toutes les provinces de France, et n'a déposé les armes qu'après la victoire finale ; cinq années de luttes ininterrompues sur trois continents et de nombreux hauts faits sanctionnés par plus de cinquante croix de la libération et de trois cent cinquante citations à l'ordre de l'Armée."

Sous le nom de 2e Régiment d'infanterie coloniale, cette Croix de la Libération, la plus prestigieuse décoration de la France libre, récompense, en réalité, les cinq années de combat de la 2e Brigade française libre (2e BFL).

 

NAISSANCE DE LA 2E BRIGADE FRANÇAISE LIBRE

Les origines premières de la 2e BFL remontent au mois d'avril 1941 lorsque, au camp de Qastina, en Palestine, est mise sur pied sous les ordres du général Legentilhomme la 1ère Division légère française libre (1ère DLFL) formée, d'une part, de la 13e Brigade mixte de Légion commandée par le lieutenant-colonel Cazaud et, d'autre part, de la 1ère Brigade coloniale commandée par le lieutenant-colonel Génin. La 1ère Brigade coloniale, de laquelle est directement issue la 2e BFL, comprend alors, outre le 1er Bataillon d'infanterie de marine, le Bataillon de marche n°4 et le Bataillon de marche n°3, ce dernier arrivant d'Erythréeoù il s'est distingué lors des combats de Kub-Kub, sous les ordres du commandant Garbay.

La 2e Brigade, dont le P.C. se trouve à Damas, doit attendre le 3 avril 1942 pour qu'une décision lui donne officiellement naissance, la réunissant à la 1ère Brigade du général Koenig pour former sous l'autorité du général de Larminat les Free French of the Western Desert (FFWD). La 2e BFL, qui rejoint la VIIIe Armée britannique à la fin du mois d'avril dans le désert de Libye, prend position dans la région de Bardia ; elle compte à ce moment là trois bataillons d'infanterie : le 1erBataillon de Légion étrangère (1er BLE) et les bataillons de marche n°3 et n°11. L'ensemble de ses effectifs est de 3 159 hommes, soit environ 2 000 de moins que la brigade Koenig.

La 2e Brigade poursuit ses efforts pour s'équiper et parfaire son instruction tout en constituant, dès le 3 juin 1942, un centre de résistance dans la région de Gambut (50 kms environ à l'est de Tobrouk) dont elle défend le terrain d'aviation. Au moment de la sortie de vive force de Bir-Hakeim elle contribue à recueillir les rescapés de la 1ère Brigade avant de se replier avec la VIIIe Armée.

 

L'EGYPTE

L'été 1942 est marqué par le remaniement en profondeur des FFWD. Ne comptant plus que deux bataillons (BM5 et BM11) et toujours imparfaitement équipée, la 2e Brigade se voit chargée pendant trois mois de tenir des positions défensives à proximité du delta du Nil. Le 17 octobre 1942, enfin, elle est rapprochée du front. Le 20, elle stationne dans la région d'Alam El Alpha ; le 23, la bataille d'El Alamein est engagée. Le BM5 et le BM11 tiennent respectivement les faces ouest et sud du secteur d'"Hogs Back", situé à 10 kms au nord de l'Himeimat. Le 27, ils se portent vers la position de "Great Circle", subissant quelques pertes par bombardements ou par mines, sans toutefois livrer réellement bataille. Le 3 novembre Rommel décroche; une colonne légère de la 2e Brigade est lancée à la poursuite de l'ennemi en retraite; elle ne pourra pas le rattraper. Ne disposant pas de moyens leur permettant de participer à une guerre de mouvement, les deux brigades passent en réserve de la 8e Armée à partir du 15 novembre, et ce, pendant plusieurs semaines qu'elles mettent à profit pour se réorganiser.

 

LA TUNISIE

Début 1943, la 2e Brigade, que commande désormais le général Brosset, comprend les BM4, BM5 et BM11 et voit ses effectifs s'accroître par l'arrivée de tirailleurs en provenance de Djibouti. Après quatre mois passés en Cyrénaïque, la 1ère DFL est dirigée vers la Tunisie où elle parvient au tout début de mai 1943, à temps pour prendre part à la fin des opérations.

Dans la nuit du 6 au 7 mai la 2e BFL relève, à Takrouna, les Ecossais de la 51e Division ; le 10 mai ses positions sont sévèrement pilonnées par l'artillerie ennemie mais, le lendemain, le BM4 et le BM5 attaquent les éléments de la 90eDivision légère allemande qui leur font face et conquièrent les Djebillats après des combats acharnés. Au soir du 11 mai, la Brigade enregistre la capture de 265 Allemands et de 85 Italiens. Au cours de la nuit suivante, des éléments du BM11, conduits par le capitaine Magny effectuent un fructueux coup de main en nettoyant un point d'appui dont les feux prenaient à revers la position conquise. Le 14 mai, la Brigade reçoit la reddition du général Orlando commandant le 21eCorps italien. La campagne de Tunisie est terminée et la 2e BFL peut participer le 20 mai au défilé de la victoire à Tunis, aux côtés de la 1ère Brigade, de la Force L (Leclerc) et des troupes alliées.

 

L'ITALIE

Début juin 1943, la 1ère DFL reçoit l'ordre de quitter la Tunisie pour prendre position en Tripolitaine. De retour en Tunisie deux mois plus tard, elle y passe l'hiver à s'entraîner et à percevoir du matériel américain avant de débarquer en Italie, à Naples, le 20 avril 1944. La 2e Brigade est engagée le 16 mai ; le 17, elle franchit le Rio Mari et crève la ligne "Dora" (BM11), occupe le Mont Calvo (BM5) ; les 18 et 19, elle parvient à franchir le Rio Forma Quesa, âprement défendu ; le 20, elle borde le Liri à l'ouest de Pontecorvo (BM4) et au Monte Morrone (BM5), tandis que le BM11 s'empare du monastère de Cappucini et entre dans les quartiers sud de Pontecorvo. En cinq jours de durs combats, elle a perdu 100 tués et 360 blessés. Le 5 juin, alors que les forces alliées convergent vers Rome et entrent dans la Ville Sainte, la 2eBrigade reçoit mission de couvrir leur flanc droit à hauteur de Tivoli. Le BM11, précédé par les fusiliers marins, franchit le Tibre à Lunghezza et s'empare de Bagni Albule. A sa droite, le BM5 se heurte à une forte résistance à Ponte Lucano et à la Villa Adriana qui tombera le lendemain.

Le 9 juin 1944, lors de la poursuite de l'ennemi vers Florence, Montefiascone tombe sous l'action conjuguée du BM4 et du BM11. Le 11, l'avance reprend vers Viterbo. Le BM4 entre dans Bolsena, mais au prix de plusieurs tués, dont son chef le commandant Fougerat et de nombreux blessés. Le 12 juin, le BM11 s'empare du Monte Rado. Le lendemain, la 2e Brigade est relevée ; elle a perdu en un mois 170 tués et 630 blessés et est regroupée dans le sud de l'Italie avec les autres éléments de la 1ère DFL.

 

LE DÉBARQUEMENT DE PROVENCE

Le 13 août 1944, les 15 807 Français libres de la 1ère DFL quittent les ports de Tarente et de Brindisi à destination d'une terre de France que certains n'ont jamais connue, que beaucoup ont quittée depuis plus de quatre années. Le 16 août, en tête de la Division, la 2e Brigade débarque à Cavalaire avec le général Brosset et son Etat-major. Le 20 août, l'attaque contre Toulon étant lancée, elle parvient à percer les premières lignes de la défense allemande et à s'emparer du Mont Redon, du village de La Crau, des Maurettes et de Hyères. Les 22 et 23 août, la Brigade s'empare des collines du Thouar, au-dessus de La Garde, dernière résistance avant Toulon qui tombe le 25. Dès le lendemain, elle entame la poursuite en direction d'Aix et du Rhône ; le colonel Gardet vient, le 25, d'en prendre le commandement.

 

LES VOSGES

Poursuivant l'ennemi depuis Toulon, la Division finit par le rattraper à la fin du mois de septembre 1944, au pied des Vosges où il a pu s'organiser. La 2e BFL se trouve à la gauche de la Division et ses unités sont engagées successivement à Lyoffans et Andornay les 25 et 26 septembre (BM4), au Bois Saint-Georges le 29 (BM5) et à Lomont le 28 (BM11).

Le 14 novembre, le BM11 quitte la 2e Brigade, avec laquelle il n'a cessé de se battre depuis deux ans et demi. Il y est remplacé par le 22e Bataillon de marche nord-africain (22e BMNA), placé sous les ordres du commandant Lequesne. L'offensive sur Belfort est déclenchée le 19 novembre. La 2e Brigade attaque à gauche de la Division, sur l'axe Fresse-Auxelles-Haut ; elle ne rencontre pas de forte résistance. Le 21 novembre, le BM4 est solidement installé au Mont Saint-Jean, tandis que le BM5 a mis la main sur le Puix-Gy ; le lendemain, ses éléments entreront dans Giromagny.

 

L'ALSACE

La 1ère DFL est épuisée ; le 9 décembre, elle est relevée, et mise à la disposition du général de Larminat, qui doit faire tomber les poche allemandes de Grave et de Royan. Mais à peine est-elle arrivée sur l'Atlantique qu'elle est rappelée dans l'Est : les Américains bousculés par l'offensive allemande de von Rundstedt dans les Ardennes ont demandé à disposer de la 2e DB, et il faut relever celle-ci au sud de Strasbourg.

Le 2 janvier, la 2e Brigade remonte en ligne en Alsace, entre Ebersmunster au nord et Sélestat au sud, par un froid intense, avec un matériel à bout de souffle et sans avoir pu combler ses pertes. Le lendemain, le colonel Gardet en reprend le commandement. Elle est engagée le 23 janvier, sur l'axe Saint-Hippolyte - Ohnenheim ; elle doit s'emparer des passages sur l'Ill et le Benwasser, et occuper Ohnenheim pour couvrir le flanc gauche de l'attaque. Il lui faudra presque dix jours de durs combats, par un froid polaire, pour remplir cette mission au moment où la résistance allemande dans la poche de Colmar s'effondre. Après deux ou trois semaines de "garde du Rhin", la 2e Brigade se réorganise dans la région de Ribeauville-Bergheim.

 

L'AUTHION

Affecté avec la 1ère DFL au détachement de l'Armée des Alpes, dans le massif de l'Authion, la 2e Brigade a la charge d'une opération secondaire vers La Roya de part et d'autre de Breil en avril 1945. Après une tentative infructueuse le 10 avril, le BM4 s'empare le 15 du col de Brouis et entre dans Breil; il franchit le 16 la Roya et aborde les premières pentes du Mont-Ainé. Le 22e BMNA coiffe le Mangiabo le 10, s'empare, le 15, du col d'Agnon, puis passant à droite du BM4, effectue, le 16, une première reconnaissance sur Piene dont il s'emparera le 21. La 2e BFL exploite ses succès : le 25, le BM4 prend position sur le Mont Ainé tandis que le 22e BMNA occupe Olivetta et San Michele en Italie. Le même jour, deux détachements, l'un du BM5 venu de Menton, l'autre du 22e BMNA descendu d'Olivetta entrent dans Vintimille, sous les acclamations de la population. C'est là la dernière opération de la 2e Brigade, dont les unités participeront, le 8 mai 1945, au défilé de la victoire à Nice.

Le 15 mai 1945, par décision du Ministre de la Guerre, la 2e Brigade française libre devient le 2e Régiment d'infanterie coloniale et les trois bataillons de marche BM4, BM5, et 22e BMNA qui la composent, respectivement les 1er, 2e et 3ebataillons de ce régiment. Le 25 mai 1945, à Cannes, le drapeau du 2e RIC est remis officiellement au Régiment au cours d'une prise d'armes. Ce drapeau qui en 1940 portait déjà les noms de huit batailles obtient, en recueillant les traditions de la 2e Brigade française libre, six nouvelles inscriptions : Kub-Kub 1941 - El Alamein 1942 - Takrouna 1943 - Pontecorvo 1944 - Toulon 1944 - Colmar 1945.

En souvenir du sacrifice de ses marsouins tombés pour la France pendant ce conflit, le Régiment a été décoré de la Croix de la Libération, de la Croix de Guerre 1939-1945 avec 2 palmes et de la fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire avec olive 1939-1945. Le 2e Régiment d'infanterie de marine (2e RIMa), actuellement basé au Mans, est l'héritier des traditions de la 2e Brigade française libre.

Canon du 1er Régiment d'Artillerie Coloniale en batterie sous filet de camouflage
Canon du 1er Régiment d'Artillerie Coloniale en batterie sous filet de camouflage

En 1939, lorsque éclate la guerre, le 1er Régiment d'artillerie coloniale (1er RAC), est cantonné sur la ligne Maginot. Il est déplacé en mai 1940 puis, dans la déroute générale, il se replie en bon ordre, stoppant plusieurs fois des offensives localisées ennemies et détruisant plusieurs blindés. Cependant, à cause tant des bombardements aériens que des combats incessants, le régiment subit de lourdes pertes jusqu'à son anéantissement au combat le 20 juin où les derniers artilleurs se rendent après avoir tiré leurs derniers obus.

Quelques semaines plus tard, en Angleterre, au camp d'Aldershot, parmi les premiers volontaires ralliés au général de Gaulle, se constitue une ébauche de groupe d'artillerie, composé d'une batterie à quatre canons de 75 mm commandée par le lieutenant Chavanac et d'une section de deux canons de 75 mm commandée par le lieutenant Quirot. Ce groupe, qui forme l'artillerie du corps expéditionnaire destiné à l'opération de Dakar, embarque le 30 août 1940.

Après l'échec de l'opération, les artilleurs débarquent au Cameroun, et joignent leur force à celle des artilleurs coloniaux du capitaine Laurent-Champrosay qui a rejoint les Forces Françaises Libres depuis la Haute Volta.

La section Quirot et la batterie de Laurent-Champrosay prennent une part active, avec la Brigade d'Orient, à la campagne d'Erythrée contre les Italiens, notamment lors de la prise de Keren le 27 mars 1941 puis de Massaoua, le 8 avril.

En mai 1941, les artilleurs se trouvent réunis au camp de Qastina, en Palestine, où se regroupent les unités terrestres des Forces Françaises Libres. L'artillerie des FFL, composée de deux batteries, est engagée en Syrie en juin 1941. La 1ère Batterie, mieux équipée, se distingue sur la route de Damas où les artilleurs s'installent, après les opérations.

A Damas, en décembre 1941, le 1er Régiment d'Artillerie des Forces Françaises Libres (1er RAFFL) est officiellement créé et placé sous les ordres du chef d'escadron Laurent-Champrosay. Désormais formé de quatre batteries de six canons de 75 mm, transformé en unité motorisée moderne, le Régiment constitue l'artillerie de la 1ère Brigade Française Libre commandée par le général Koenig et intégrée à la VIIIe Armée britannique.

C'est dans les sables brûlants du désert de Libye que le 1er RAFFL écrit les pages les plus glorieuses de son histoire. En effet, le Régiment participe à la prise d'Halfaya en janvier 1942 puis se distingue à Bir-Hakeim en mai et juin 1942, où il constitue la seule artillerie de la place. Les batteries motorisées, alliant dynamisme et combativité, harcèlent les colonnes de Rommel avant l'encerclement de la position. Le Régiment, malgré les bombardements de Stukas, les tirs de contre-batterie de l'artillerie lourde allemande, les assauts de l'Afrikakorps et des Italiens, tient bon jusqu'à l'évacuation de la zone, dans la nuit du 10 au 11 juin 1942. Mais le bilan est lourd : le 1er RAFFL compte 64 tués à Bir-Hakeim dont sept officiers. De ses 24 canons, il en reste huit.

Après son repli, le Régiment est réorganisé avec du matériel anglais et compte désormais quatre batteries de quatre canons de 88 mm et une batterie de 140 mm. Il combat de nouveau, à l'Himeimat, au sud de la position d'El Alamein, les 23 et 24 octobre 1942.

Affecté pendant six mois à la garde des aéroports libyens, le 1er RAFFL pèse encore d'un poids décisif dans les derniers combats de Tunisie, notamment à Takrouna, en mai 1943, où les cinq batteries du Régiment tirent plus de 25 000 coups de canon.

Après un été passé en Tripolitaine avec la 1ère et la 2e DFL (future 2e DB du général Leclerc), le 1er RAFFL s'installe près de Tunis et absorbe le 2e RAC, formé essentiellement d'artilleurs venus de Djibouti et d'une batterie venue d'Angleterre. Il se réorganise, toujours sous les ordres du colonel Laurent-Champrosay en trois groupes de 105 mm commandés par les chefs d'escadron MarsaultJonas et Fuchs et d'un groupe de 155 mm sous les ordres du chef d'escadron Crespin.

Débarquée en Italie en avril 1944, avec la 1ère DFL, placée sous le commandement du général Brosset, l'unité appuie les assauts d'infanterie d'un tir si précis, notamment au Garigliano, et reste si stoïque sous le feu de l'ennemi, que son comportement provoque l'admiration du général Clark, commandant la Ve Armée américaine. Du 20 mai au 19 juin, le régiment enchaîne les combats Pontecorvo, Tivoli, Montefiascone, Bolsena, Aquapendante et Radicofani où, au cours d'une reconnaissance, le colonel Laurent-Champrosay, dont le véhicule saute sur une mine, trouve la mort. Le 1er RAFFL aura perdu en Italie, outre son chef, cinq commandants de batteries.

Le 16 août 1944, le Régiment, commandé par le colonel Bert, débarque en France, à Cavalaire. Il participe brillamment à la prise de Toulon, puis, à la poursuite de l'ennemi, remonte les vallées du Rhône et de la Saône.

 Le Régiment reprend contact avec les troupes allemandes en septembre, en Haute-Saône, à Villersexel et aide à la prise d'Andornay, de Lyoffans, de Clairgoutte et de Ronchamp.

En novembre, dans des conditions difficiles, le 1er RAFFL prend part à l'offensive sur Belfort avant de voir ses Africains, supportant difficilement le climat, renvoyés en Afrique et remplacés par des volontaires métropolitains.

Envoyé réduire les poches de l'Atlantique sous le commandement du général de Larminat, le Régiment est rappelé en urgence vers l'est en raison de l'offensive allemande menée par von Rundstedt dans les Ardennes, en décembre 1944. Il fait partie des unités qui bloquent la contre-attaque allemande sur Strasbourg à Obenheim et réduisent la poche de Colmar.

Parvenu sur le Rhin le 3 février 1945, le Régiment est déplacé et participe aux derniers combats dans les Alpes avec la 1ère DFL, au massif de l'Authion, au printemps 1945.

Le 22 mars 1945, le 1er RAFFL prend le nom de 1er Régiment d'Artillerie coloniale (1er RAC). Le 24 septembre 1945, à Chelles, en Seine-et-Marne, le 1er RAC reçoit des mains du général de Gaulle la croix de la Libération (décret du 7 août 1945). 34 artilleurs et officiers du 1er RAC ont également reçu cette distinction exceptionnelle.

Le 1er Régiment d'Artillerie de Marine (1er RAMa), a été dissous en juillet 2015. Ses traditions ont été reprises par le CFIM/9ème BIMa de Coetquidan.

  • Chevalier de la Légion d'Honneur
  • Compagnon de la Libération - décret du 7 août 1945
  • Croix de Guerre 14-18 avec deux palmes 
  • Croix de Guerre 39-45 avec trois palmes
  • Croix de la Valeur Militaire
Batterie du 1/3 RAC au défilé de la Victoire sur les Champs-Elysées, Paris, 18 juin 1945
Batterie du 1/3 RAC au défilé de la Victoire sur les Champs-Elysées, Paris, 18 juin 1945

LES ORIGINES

Le 1er Groupe du 3e Régiment d'artillerie coloniale (1/3 RAC) est l'héritier direct des éléments d'artillerie qui ont accompagné l'épopée africaine du général Leclerc avant la création, à l'été 1943, de la 2e Division blindée.

A la suite du ralliement à la France libre fin août 1940 de territoires de l'Afrique équatoriale française (Tchad, Congo et Oubangui-Chari) et du Cameroun puis du Gabon en novembre 1940, le colonel Leclerc est nommé commandant militaire du Tchad et du Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST). Il va rapidement diriger son action vers le nord, c'est-à-dire vers le désert libyen.

Lors de la prise de l'oasis italienne de Koufra dans le désert de Libye, le 1er mars 1941, un seul canon de 75 mm, commandé par le lieutenant Ceccaldi et servi par Albert Grand, a pu accompagner la Colonne dont il forme, à lui seul, l'artillerie. Mais son emploi intelligent, par des coups répétés et efficaces, en changeant de position régulièrement, fera croire aux assiégés que les troupes françaises libres disposent de plusieurs pièces. Par ce stratagème, « l'artillerie » de la Colonne Leclerc participa largement à la victoire de Koufra.

Parallèlement et jusqu'à la fin de l'année 1942, au Tchad, plusieurs sections d'artillerie se préparent à rejoindre les troupes de Leclerc. Equipées essentiellement de canons de 75 mm, ces sections sont sous le contrôle tactique et administratif du RTST. Avec lui, elles seront progressivement rattachées à la Colonne Leclerc et manoeuvreront séparément, en appui des compagnies de Découverte et de Combat, mises en place par Leclerc, qui multiplient les raids dans le désert de Libye et dans le Fezzan.

Lors de la campagne du Fezzan et de Tripolitaine, de décembre 1942 à février 1943, six sections d'artillerie sont engagées. Le chef d'escadron Crépin en assure le commandement à partir de la campagne de Tunisie. Il se distingue, notamment lors de l'attaque d'El Araneb, par sa haute valeur technique et son efficacité, mettant hors de combat quatre pièces ennemies de 77 mm.

A la fin de la campagne du Fezzan, la Force L (ex Colonne Leclerc) reçoit en renfort deux batteries de 75 mm formées au Tchad, qui participent, avec l'ensemble de la Force L, à la campagne de Tunisie de février à mai 1943.

 



LE 1ER GROUPE DU 3E RÉGIMENT D'ARTILLERIE COLONIALE

En juin 1943, considérant important de renouer des liens de traditions avec les anciennes unités de l'Armée française, le général Leclerc choisit, pour l'artillerie de sa Division, le nom du 3e Régiment d'artillerie coloniale (3e RAC), héritier du 3eRégiment d'artillerie de marine (3e RAMa) créé sous le Consulat en 1803 et qui s'illustra par la suite dans les campagnes coloniales du XIXe siècle, puis lors de la Première Guerre mondiale. Le 3e RAC, placé sous les ordres du lieutenant-colonel Crépin, est alors formé de trois groupes comprenant deux batteries chacun.

En septembre 1943, le Régiment fait route vers Temara au Maroc où va se constituer, puis s'équiper et s'entraîner pendant de longs mois, la 2e Division blindée. Le 10 novembre 1943, le 3e RAC, se condense en un groupe qui prend le nom de 1er Groupe du 3e RAC (1/3 RAC). Le Groupe, placé sous les ordres du chef d'escadron Fieschi en remplacement du lieutenant-colonel Crépin, nommé commandant de l'artillerie divisionnaire de la 2e DB, comprend alors un Etat-major et trois batteries de six pièces automoteur commandées respectivement par les capitaines Dubois, Demarle et Magnat et une colonne de ravitaillement sous les ordres du capitaine Waynbaum.

Au sein de la 2e DB, le 1/3 RAC forme l'artillerie du Groupement Tactique Dio (GTD).

En avril 1944, l'ensemble de la 2e DB fait route vers l'Angleterre, pour participer aux opérations sur le front occidental. Après une période d'entraînement au camp de Sledmere, dans la région de Hull, le 1/3 RAC débarque en Normandie, le 1er août 1944. Le baptême du feu a lieu le 8 août avec deux bombardements aériens, qui font plusieurs victimes au sein du Groupe. Celui-ci prend ensuite une part active à la libération d'Alençon, le 12 août. Le lendemain, la 3e Batterie entre en tête à Carrouges et tire 259 coups. Le 1/3 RAC se distingue ensuite devant Argentan, détruisant de nombreux véhicules ennemis.



Le 24 août, le Groupe sert en appui du Groupement tactique Warabiot (GTV) et du GTD, tirant plusieurs milliers de coups, aux approches de Paris où il fait son entrée le lendemain. Le 26 août, les capitaines Demarle, Genet et Dubois, du 1/3 RAC, conduisent les détachements d'honneur du général de Gaulle à Notre-Dame.

Les 28 et 29 août, le Groupe combat au Bourget avant de quitter Paris, quelques jours plus tard, avec la 2e DB en direction de l'Est. Commence alors la bataille de Lorraine, guerre de position qui se prolonge jusqu'à la libération de Baccarat, le 1er novembre 1944.

Ensuite, le 1/3 RAC appuie le GTD dans sa course vers Strasbourg où la 1ère Batterie entre avec l'élément de tête, le 23 novembre 1944, après avoir détruit un matériel important et fait de nombreux prisonniers. Le Groupe, dans un contexte climatique rigoureux, tient sa place dans la dure campagne d'Alsace, le long du Rhin, se signalant particulièrement à Erstein, Osthouse, Gerstheim et Obenheim. Au moment de la contre-offensive allemande menée par von Rundstedt dans les Ardennes, fin décembre, les artilleurs du Groupe appuient avec succès, le flanc sud des Américains avec l'ensemble de la Division du général Leclerc.

En janvier 1945, le Groupe rejoint l'Alsace et après la libération de Colmar, le 7 février, fait mouvement avec la 2e DB sur Châteauroux pour un repos bien mérité. Le 1/3 RAC part sur le front de l'Atlantique où devant Royan, du 15 au 18 avril 1945, il tire un nombre record d'obus.

Le 1/3 RAC franchit la frontière allemande le 28 avril 1945 et termine la guerre à Berchtesgaden, avant de cantonner près de Landsberg, près de Munich, à la suite de la capitulation allemande du 8 mai 1945.

Le 18 juin 1945, le 1/3 RAC participe au défilé de la Victoire à Paris, sur les Champs-Élysées.

Par décret du 7 août 1945, le 1er Groupe du 3e Régiment d'artillerie coloniale se voit attribuer la croix de la Libération.

Pour son action dans les rangs de la France Libre, le Drapeau du 3e RAC a vu s'ajouter aux huit noms de batailles qu'il portait déjà ceux de "Fezzan 1942" - "Sud-Tunisien 1943" - "Paris 1944" - "Strasbourg 1944". Il est titulaire de la Croix de guerre 39/45 avec deux citations à l'ordre de l'armée. Il a compté dans ses rangs cinq compagnons de la Libération.

Aujourd'hui, le 3e Régiment d'artillerie de marine (3e RAMa), basé à Canjuers, près de Draguignan, est l'héritier des traditions du 1/3 RAC. Il a droit, à ce titre, au port de la fourragère aux couleurs de l'ordre de la Libération.

  • Compagnon de la Libération - décret du 7 août 1945
  • Croix de guerre 14/18 avec deux palmes
  • Croix de guerre 39/45 avec deux palmes
  • Presidential Unit Citation (USA)
  • Croix de la Valeur Militaire
1er Escadron de spahis, Beyrouth 1940. capitaine Jourdier,  adjudant Arainty, brigadier Brahim, maréchal des Logis Painault
1er Escadron de spahis, Beyrouth 1940. capitaine Jourdier, adjudant Arainty, brigadier Brahim, maréchal des Logis Painault

Le 30 juin 1940, sans même avoir entendu l'appel du général de Gaulle, le chef d'escadron Paul Jourdier, qui commande le 1er Escadron du 1er Régiment de spahis marocains (1er RSM) stationné au Liban, décide à ne pas tenir compte de l'armistice entre la France et l'Allemagne.

Il franchit avec son unité la frontière libano-palestinienne à cheval et rejoint les Anglais en Palestine. L'escadron Jourdier, composé finalement d'une quarantaine d'hommes (une vingtaine ayant choisi de rentrer au Liban), stationne tout l'été à Ismaïlia en Egypte.

Fin octobre 1940, ayant reçu en renfort de nouveaux engagés, il est envoyé par les Britanniques au Soudan où il parvient après une épopée de quelques milliers de kilomètres. L'escadron est affecté à la 5e Division indienne et s'installe en Erythrée où il prend part aux combats contre les Italiens, notamment à Umbrega, le 2 janvier 1941 où il mène une des dernières charges à cheval de l'histoire de l'armée française.



En mars 1941, l'escadron Jourdier devient le 1er Groupe d'escadrons de spahis et, le 20 mai, il retrouve la majeure partie des Forces terrestres de la France libre (FFL) rassemblées à Qastina, en Palestine, pour préparer la campagne de Syrie. Lors de cette dernière, les spahis du 1er Escadron sont notamment engagés dans de durs combats contre leurs homologues du 1er RSM resté fidèle à Vichy le 15 juin à Najah.

Après l'armistice de Saint Jean d'Acre signé le 14 juillet 1941 qui met fin aux hostilités au Levant, les spahis sont définitivement motorisés et constitués en Groupe de reconnaissance de corps d'armée (GRCA) toujours sous les ordres du chef d'escadrons Jourdier. Le renseignement et la couverture sont leurs principales fonctions. Le GRCA est affecté à la brigade du général Cazaud en avril 1942 et regroupé en Libye le mois suivant. Il reçoit alors des missions de défense vers Bardia et Sollum.

En août 1942, les spahis disposent de deux escadrons à cinq pelotons de trois automitrailleuses et d'un escadron de quatre pelotons de trois autocanons. Au même moment, alors que Jean Rémy succède à Paul Jourdier, les spahis sont organisés en Colonne volante avec la 1ère Compagnie de chars et rattachés à la 7e Division blindée britannique (les "Rats du Désert"). La Colonne volante effectue des raids en profondeur dans le désert de Libye. Elle prend part à la bataille d'El Alamein le 23 octobre 1942, en soutien de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE), au sud du dispositif, à l'Himeimat. Ensuite, la Colonne volante participe à la poursuite de l'ennemi en fuite, faisant de nombreux prisonniers jusqu'au 8 novembre 1942.

Par une décision du général Catroux en date du 24 septembre 1942, est constitué aux Forces françaises libres du Western Desert un régiment de cavalerie mécanisée prenant la dénomination de 1er Régiment de marche de spahis marocains (1er RMSM).

Après une période de repos dans la région d'El Alamein, les spahis parviennent en Tunisie en février 1943 ; ils s'illustrent lors des combats face aux hauteurs de Matmatas. L'arrivée de la Force L du général Leclerc en provenance du Tchad fait que, rapidement, la Colonne volante y est incorporée, et effectue avec elle la campagne de Tunisie. Le 20 mai 1943, un détachement du 1er RMSM défile dans Tunis libéré.

A l'issue de la campagne de Tunisie et jusqu'à la fin du mois d'août 1943, les spahis sont, avec l'ensemble des troupes FFL, envoyés "en pénitence" en Tripolitaine, en attendant la conclusion des accords de Gaulle-Giraud. Au Maroc, en octobre 1943, le 1er RMSM, toujours sous les ordres du lieutenant-colonel Rémy, devient le régiment de reconnaissance de la 2e Division blindée du général Leclerc. A l'image de la Division, il est réorganisé et rééquipé en matériel américain. Il est alors composé d'un escadron de chars légers à trois pelotons de cinq chars et de quatre escadrons d'automitrailleuses à trois pelotons de cinq automitrailleuses et comprend plus de 1100 hommes. A cette occasion, le 1er Escadron d'origine devient le 5e Escadron pour satisfaire aux normes US qui précisent que l'escadron de chars des régiments de reconnaissance de division blindée est toujours le 1er escadron (ou Company A).

Rapatriée en Angleterre, en avril 1944, la 2e DB y poursuit son entraînement avant de débarquer en Normandie le 1er août 1944. Dès lors, les escadrons du 1er RMSM, toujours à l'avant-garde, sont répartis dans les différents Groupements tactiques (GTL, GTV, GTD et GTR) de la 2e DB. Ils participent aux combats dans le bocage normand puis, lors de la libération de Paris, tous les escadrons prennent part au "nettoyage" de la capitale.

Début septembre 1944, les spahis sont en couverture sur la Marne ; le 11, ceux du GTR traversent Colombey-les-Deux-Églises alors que le même jour, à Montbard en Côte d'Or, le 5e escadron fait sa jonction avec des éléments avancés de la 1ère Division française libre débarquée en Provence trois semaines auparavant. Bientôt, les spahis, avec du matériel neuf, combattent dans les environs de Baccarat. Les escadrons, détachés dans les différents groupements, effectuent les reconnaissances, agissent en couverture ou en découverte : Les calots rouges, symbole de l'unité, sont ensuite engagés en Lorraine et en Basse Alsace. Le 23 novembre 1944, c'est un spahi du 5e escadron du Régiment, appartenant au Groupement tactique D (Dio), qui hisse le drapeau français sur la cathédrale de Strasbourg, réalisant ainsi le serment de Koufra.

Le Régiment rassemblé part soutenir les combats pour la réduction des poches de l'Atlantique ; en réserve, il ne combat pas. Puis arrive la traversée du Rhin et la marche victorieuse en Allemagne où les spahis participent à la prise de Berchtesgaden en mai 1945. Rentré en France fin mai, le 1er Régiment de marche de spahis marocains reçoit la croix de la Libération le 23 août 1945 à Fontainebleau.

L'escadron Jourdier et le 1er RMSM ont compté dans leurs rangs 33 compagnons de la Libération. Aujourd'hui, le 1er Régiment de spahis, héritier des traditions du 1er Régiment de marche de spahis marocains, est stationné à Valence. Il a droit, à ce titre, au port de la fourragère aux couleurs de l'ordre de la Libération.

  • Compagnon de la Libération - décret du 7 août 1945
  • Croix de Guerre 39-45 (2 palmes)
La 1ère Compagnie équipée de chars R35 des forces de Vichy
La 1ère Compagnie équipée de chars R35 des forces de Vichy

LA 1ÈRE COMPAGNIE AUTONOME DE CHARS DE COMBAT

Lorsqu'il lance son appel le 18 juin 1940, le général de Gaulle ne dispose que de 12 chars H39 ramenés de Narvik en Norvège. Théoricien de l'arme blindée, il ne peut laisser les choses en l'état. Rapidement, grâce à l'arrivée de Français refusant l'armistice, la 1ère Compagnie autonome de chars de combat des Forces françaises libres (FFL) est créée, dès le mois de juillet 1940, sous le commandement du lieutenant Volvey.

La 1ère Compagnie s'embarque le 31 août pour Dakar au Sénégal. Après l'échec de la tentative de ralliement de l'AOF à la France libre, la Compagnie est dirigée sur le Cameroun. Elle débarque à Douala et participe, à travers la forêt équatoriale, au ralliement du Gabon, malgré les grandes difficultés dues à l'état des pistes. Puis l'unité embarque et arrive à Suez le 23 avril 1941, et fait mouvement vers Qastina, en Palestine, où se rassemblent les unités terrestres des FFL en vue de participer à la campagne de Syrie. Après les difficiles opérations contre les forces vichystes de Syrie de juin 1941, où pratiquement tous ses chars sont détruits, la 1ère Compagnie est recomplétée en personnels et en chars R35 pris aux troupes de Vichy.



Après une période de repos, elle s'installe, début 1942, à Beyrouth. Entretemps, en Angleterre, une 2e Compagnie a été mise sur pied grâce à l'arrivée de jeunes volontaires en provenance du monde entier. Equipée de matériel américain, elle part pour l'Afrique et débarque à Pointe Noire le 2 octobre 1941 ; affectée à la frontière du Niger, elle stationne au Tchad. De son côté, la 1ère Compagnie, dirigée sur l'Egypte en avril 1942, s'équipe de chars anglais Crusader pour faire bientôt partie, avec les spahis de l'escadron Jourdier, de la 1ère Colonne volante des FFL, qui rejoint la 8e Armée britannique, dans le Western Desert. Elle participe à la grande bataille d'El Alamein du 23 octobre au 4 novembre 1942. Les chars réussissent à stopper la contre-attaque allemande et participent ensuite à la poursuite de l'ennemi.

Après une courte période de repos, la Colonne volante traverse de la Cyrénaïque, la Tripolitaine et entre en Tunisie en février 1943. Les 6 et 7 mars, la 1ère Compagnie prend part aux violents combats de Médenine aux côtés de la 8e Armée britannique. Rattachée ensuite à la Force "L" du général Leclerc, venue du Tchad, elle opère avec elle depuis le sud tunisien jusqu'à Kairouan et au Djebel Zaghouan. Une fois la victoire acquise en Tunisie, elle retourne en Tripolitaine.

 

LE 501E RCC

Depuis le mois de décembre 1941, en Angleterre, une 3e Compagnie de chars a été constituée, à Camberley, par le lieutenant Branet ; celle-ci parvient au Caire, en mai 1943, où la retrouve la 2e Compagnie qui a quitté le Tchad trois mois auparavant. Les deux compagnies parviennent ensemble à Sabratha, en Tripolitaine, où elles rejoignent la 1ère Compagnie. Rassemblées, elles donnent naissance, le 1er juillet 1943, au 501e Régiment de chars de combat (501e RCC), du nom du plus ancien régiment de chars de combat français. Le chef de bataillon Cantarel en prend le commandement.

Le Régiment reçoit l'appui de nombreux volontaires engagés au Maroc, en Algérie, ainsi que des évadés de France. Le 28 août, après un mouvement vers le Maroc, le Régiment est équipé en matériel américain avec des chars M4 Sherman; il fait partie de la toute nouvelle 2e Division blindée sous le commandement du général Leclerc. Le 501e RCC s'organise suivant le modèle américain et une 4e Compagnie est formée avec un encadrement provenant des autres unités et de jeunes volontaires. Elle est équipée de chars légers de type M3.

Au printemps 1944, le Régiment embarque pour l'Angleterre. Après un entraînement intensif, il débarque en Normandie, les 2 et 3 août 1944, à Utah-Beach. Dans le cadre du groupement tactique V (GTV) auquel il appartient, il est engagé dans la bataille. Il participe aux combats d'Alençon et d'Ecouché et à l'encerclement de la poche de Falaise. Le 23 août, le 501e RCC fonce sur Paris. La section du lieutenant Michard, de la 2e Compagnie, pénètre la première dans la capitale, le 24 au soir, avec le détachement du capitaine Dronne.

Le lendemain, c'est l'entrée de la Division sur la ville qui est libérée dans la journée. Après un bref repos, le 501e RCC repart vers l'Est. Le 12, Andelot est pris. Le 13, Vittel est occupé, le 15, une tête de pont est établie à Châtel. Le 2 octobre, Anglemont est pris. Le 30 octobre, de nouvelles offensives sont lancées en direction de la ville de Baccarat. En isolant la ville des forces allemandes venant du Nord, l'unité remplit sa mission avec succès.

Après de rudes combats, la ligne des Vosges est définitivement percée. Le 501e RCC franchit les Vosges par le col du Dabo et débouche sur la plaine d'Alsace. Le 23 novembre 1944, la 2e DB libère Strasbourg, le serment de Koufra est tenu. En effet, le 1er mars 1941, après la prise du fort italien de Koufra dans le désert de Libye, le colonel Leclerc avait fait prononcer à ses hommes le serment de Koufra : « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. »

La poussée vers l'est continue : le Régiment atteint Erstein le 30 novembre et prend le village d'Herbsheim le 2 décembre ; s'ensuit la prise de Rossfeld et Benfeld. Le 31 décembre, le Régiment est relevé par la 1ère Division française libre (1ère DFL) et fait mouvement vers le nord en raison de la contre-attaque allemande de von Rundstedt.



En janvier 1945, se déroulent les durs combats de Sélestat et de Grussenheim, bataille dans laquelle le 501e RCC paie un lourd tribu. La 2e Compagnie y perdant deux de ses chefs de section. Le 29 janvier, les Allemands tentent une contre-attaque désespérée pour reprendre le village ; ils sont repoussés et décimés.

Dans la deuxième quinzaine d'avril 1945, après quelques mois de repos près de Châteauroux, où le 501e RCC se reconstitue, arrive l'ordre de départ pour l'Allemagne. Le lieutenant-colonel Delpierre remplace le lieutenant-colonel Cantarel. Le Rhin est franchi le 28 avril. Le 501e RCC termine sa marche glorieuse au nid d'aigle d'Hitler, à Berchtesgaden, où la 3e Compagnie du capitaine Compagnon obtient la reddition de la caserne SS de la ville. Des rangs des trois premières Compagnies de chars des FFL et du 501e RCC sont issus 25 compagnons de la Libération.

  • Compagnon de la Libération - décret du 7 août 1945
  • Croix de Guerre 1914-1918 (2 palmes)
  • Croix de Guerre 1939-1945 (2 palmes)
  • Presidential Unit Citation (USA)
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