Armée de l'air
L'armée de l'air de la France libre, les Forces aériennes françaises libres (FAFL), est créée officiellement le 1er juillet 1940. Mais ses unités organisées, qui portent toutes le nom d'une province française, ne voient réellement le jour qu'à l'été 1941. Six d'entre elles portent le titre de Compagnon de la Libération.
Fin 1940, par un accord entre le général de Gaulle et le ministère de l'air britannique, il est décidé que des pilotes de chasse français libres stationnés en AEF seront dirigés sur l'Egypte pour constituer une escadrille française. Six pilotes parmi les premiers volontaires de la France libre (James Denis, Louis Ferrant, Albert Littolff, Robert Guédon, Noël Castelain et Xavier de Scitivaux) ainsi désignés se présentent fin février 1941 au Caire avant d'être dirigés vers Ismaïlia où ils reprennent leur entraînement interrompu depuis plusieurs mois.
Le 15 mars 1941, sous le commandement du lieutenant James Denis, ils sont immédiatement affectés en Grèce, au 33 Squadron de la Royal Air Force. Equipés de Hurricane, ils sont chargés de la défense d'Athènes mais, pour des raisons diplomatiques (les officiels français sur place sont accrédités par le gouvernement de Vichy), les pilotes sont rapidement renvoyés en Afrique. Début avril les pilotes repartent pour Alexandrie puis pour Tobrouk où est créée, le 9 avril, l'Escadrille française de chasse n° 1 (EFC1).
Au sein du 73 Squadron dont elle forme le Flight C, l'EFC 1 est engagée dès le 10 avril dans la défense de Tobrouk assiégée contre les Italiens et les Allemands. Jusqu'au 14, ses missions consistent uniquement à attaquer les troupes motorisées italo-allemandes avant de livrer ses premiers combats aériens.
Du 14 au 25 avril, ces Français libres affrontent, au mieux à un contre dix, l'aviation ennemie. Ils remplissent 81 missions et obtiennent 10 victoires aériennes officielles et 2 probables en subissant un minimum de perte (le sergent-chef Guédon est porté disparu et le sergent-chef Castelain a été blessé). L'escadrille a reçu entretemps en renfort l'adjudant-chef Ballatore. Repliée ensuite à Sidi-Hanish, l'escadrille, rejointe par le sous-lieutenant Pompéi puis par l'adjudant Guillou, se consacre surtout aux attaques au sol et à la protection des convois en mer. Le 31 mai l'adjudant Guillou est abattu en combat aérien au-dessus de la Crète.
Le 21 juin 1941, l'Escadrille française de chasse n° 1 reçoit la croix de la Libération, devenant ainsi la première unité militaire titulaire de cette prestigieuse décoration. Les missions de surveillance se succèdent ensuite en dépit du manque croissant d'appareils en état de voler ce qui contraint les pilotes et les mécaniciens de l'escadrille à une très involontaire inaction.
La fin de la campagne de Syrie et l'arrivée au Moyen-Orient du colonel Martial Valin permettent d'envisager la création d'unités de chasse plus conséquentes. Fin août 1941, l'EFC 1 part pour le Liban où elle est bientôt dissoute pour laisser place, début septembre, au Groupe de chasse n°1 Alsace qui se constitue dans la plaine de la Bekaa. Une autre histoire commence... L'EFC 1 a remporté 17 victoires aériennes en 165 missions et détruit de nombreux véhicules au sol. Neuf de ses pilotes ont été faits compagnon de la Libération à titre individuel.
Le 18 octobre 2019, la ministre des Armées, madame Florence Parly, a remis solennellement à la première année de l’Ecole de l ‘Air le fanion de l’escadrille française de chasse n°1. L'EFC1 est désormais réactivée au sein des armées. Les élèves officiers de première année portent ainsi pendant un an la fourragère de l’Ordre de la Libération.
- Compagnon de la Libération - décret du 21 juin 1941
Dès l'invasion de l'URSS par l'Allemagne en juin 1941, le général de Gaulle envisage d'envoyer des soldats français combattre sur le front de l'est. Quinze mois plus tard, en septembre 1942, une troisième unité de chasse des Forces aériennes françaises libres (après la formation un an plus tôt des groupes Alsace et Ile-de-France) voit le jour : le Groupe de chasse n° 3 Normandie. Constitué à Damas, sous les ordres du commandant Pouliquen et du commandant Tulasne, le groupe est rapidement informé qu'il a été choisi pour marquer la présence de la France auprès des Soviétiques et aller combattre sur le Front de l'Est.
En novembre 1942, les premiers pilotes et mécaniciens partent du Liban pour l'Union soviétique qu'ils atteignent après un périple de plus de quinze jours. La première base se trouve à Ivanovo, à 250 kilomètres au nord-est de Moscou. Là, les Français vont percevoir des avions russes et s'entraîner sur Yak 7 biplace et Yak 1 monoplace. Le choix, laissé à l'appréciation du commandement français, se porte sur le Yak 1.
Les conditions climatiques, très rudes, sont difficilement supportables, les températures variant entre -25° et -30°. L'entraînement des 58 Français, pilotes et mécaniciens se prolonge jusqu'au mois de mars 1943. Le 22 mars 1943, l'unité s'envole avec ses 14 Yak pour s'installer à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Moscou, sur la base de Polotniane Zavod. Le dégel rend les décollages et les atterrissages très périlleux, d'autant plus que les pistes ne sont, le plus souvent, que de simples champs ; il faut trois hommes sous chaque aile pour rouler les avions sur la piste. Le terrain de Polotniane Zavod est distant de 50 km du front.
L'aviation opère très près des premières lignes, pour une plus grande efficacité, en l'absence de tout moyen de contrôle radioélectrique. Les premiers succès des pilotes français chargés d'escorter les bombardiers russes ne tardent pas. Le 5 avril Préciozi et Durand abattent chacun un Focke Wulfe 190. Le 13 avril trois nouvelles victoires s'ajoutent au tableau de chasse de l'unité. Les missions se succèdent avec plusieurs nouvelles victoires mais également plusieurs pertes parmi les pilotes du Normandie.
Courant juillet 1943, l'escadrille entre vraiment dans le feu de l'action, avec la terrible bataille de Koursk. Les missions se suivent sans interruption. Du 13 au 17, le Normandie exécute 112 sorties et abat 17 appareils allemands. Ces victoires sont chèrement acquises au prix de la perte de six pilotes dont le commandant Tulasne, porté disparu le 17 juillet près d'Orel.
Le commandant Pouyade, qui a rejoint l'unité le mois précédent, en prend le commandement. Début août les mécaniciens français sont remplacés par des mécaniciens russes alors que des Yak 9 viennent remplacer les Yak 1 des pilotes. Le front bouge vers l'ouest. Le 22 août, c'est la bataille pour Smolensk. Surprenant trois pelotons de Stukasescortés d'une douzaine de Focke-Wulf 190, le groupe de chasse abat cinq avions en quelques secondes, sans enregistrer la moindre perte.
Le 1er septembre 1943, le Groupe totalise 42 victoires homologuées. Le 22 septembre, en dix-sept sorties, les pilotes français abattent neuf appareils ennemis, Joseph Risso réussissant un magnifique doublé. Au moment de prendre ses quartiers d'hiver à Toula, au sud de Moscou, en novembre 1943, le Normandie enregistre déjà 72 victoires. Au repos, il reçoit des renforts qui sont encadrés principalement par Marcel Albert et Marcel Lefèvre. Le 7 février 1944, le groupe devient, appellation inédite en France, le Régiment Normandie. Il est formé de trois escadrilles (Rouen, Le Havre et Cherbourg) commandées respectivement par les lieutenants Albert, Mourier et Lefèvre.
Après une accalmie, début 1944, l'offensive reprend en juin. En moins de trois semaines, les troupes soviétiques s'enfoncent de plus de 200 kilomètres vers l'ouest. Et c'est le passage du fleuve Niemen. Les combats sont terribles. Le comportement exemplaire du Régiment lui vaut de recevoir, le 21 juillet 1944, du maréchal Staline le nom de Niemen.
Dès lors, le Régiment prend le nom de Normandie-Niemen. Puis, ce sont les combats en Prusse orientale, avant les quartiers d'hiver. Le 12 décembre 1944, le commandant Delfino prend le commandement du Normandie quelques jours après que le général de Gaulle, en déplacement à Moscou, a remis la croix de la Libération au Régiment. Les combats reprennent pour une troisième campagne en Prusse orientale et en Pologne, et c'est enfin la capitulation allemande le 9 mai 1945. Début juin 1945, en récompense du comportement exemplaire des pilotes français sur le front soviétique, le maréchal Staline fait don aux survivants de leurs avions Yak 3 qui se posent le 20 juin au Bourget devant une foule énorme venue les accueillir en héros.
Le Normandie-Niemen, grâce au sacrifice de presque la moitié de ses pilotes, 42 tués sur 97, devient la première formation de chasse française avec ses 273 victoires homologuées et 37 probables (auxquelles s'ajoutent bon nombre de véhicules détruits) obtenues au cours de 5 240 missions et 869 combats. Il a compté dans ses rangs 21 compagnons de la Libération.
- Chevalier de la Légion d'Honneur
- Compagnon de la Libération - décret du 11 octobre 1943
- Médaille Militaire
- Croix de Guerre 1939-45 (6 citations)
- Héros de l’Union soviétique (URSS)
- Ordre de Lénine (URSS)
- Ordre d'Alexandre Nevski (URSS, Oukaze du 5 juin 1945)
- Ordre du Drapeau Rouge (URSS, Oukaze du 19 février 1945 )
- Ordre de la guerre patriotique (URSS)
- Ordre de l’étoile rouge (URSS)
- Médaille de la victoire (URSS)
LA 1ÈRE COMPAGNIE D'INFANTERIE DE L'AIR
Sous l'impulsion du capitaine Georges Bergé la 1ère Compagnie d'Infanterie de l'Air est créée en Angleterre le 29 septembre 1940. Le 25 décembre 1940, après un très solide entraînement, la 1ère section (deux officiers, quatre sous officiers, dix-neuf militaires du rang) est brevetée à Ringway, avec la 1ère Compagnie de parachutistes britanniques. Le 21 février 1941, une deuxième section est brevetée.
Alors qu'une dizaine de parachutistes français rejoignent un stage de sabotage, la première mission de guerre des paras français est exécutée par le capitaine Bergé et quatre hommes en Bretagne. C'est l'opération Savannah (15 mars 1941) qui a un énorme retentissement, étant la première mission en France occupée. Le 10 avril 1941 la Compagnie passe aux ordres de l'Armée de terre et prend l'appellation de 1ère Compagnie parachutiste. Le mois suivant, la mission Joséphine B, avec quatre parachutistes,aboutit à la destruction de la centrale électrique de Pessac, en Gironde.
En mai 1941 l'effectif de la 1ère CIA est de neuf officiers, dix-neuf sous-officiers et 70 hommes de troupe. Elle se divise en deux parties : une section affectée, pour l'action clandestine, au Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), c'est-à-dire aux services secrets de la France libre, et deux sections d'infanterie qui, sous l'appellation de 1èreCompagnie parachutiste, embarquent pour le Moyen Orient le 21 juillet 1941.
En septembre 1941 la 1ère Compagnie parachutiste devient le Peloton parachutiste du Levant puis, repassant à l'Armée de l'Air, la 1ère Compagnie de chasseurs parachutistes des Forces aériennes françaises libres.
LE FRENCH SQUADRON
Après un stationnement à Beyrouth et Damas, l'unité s'installe, le 2 janvier 1942, à Kabret, sur les rives du canal de Suez. Elle est intégrée à la Special Air Service Brigade (SAS brigade)britannique commandée par le Major Stirling. Les SAS français deviennent le French Squadron et ils se distinguent par des actions violentes, sur les arrières ennemis et sur les aérodromes allemands, obtenant des résultats très importants : en Crète, en juin 1942, avec la destruction d'une vingtaine d'avions allemands (le capitaine Bergé est capturé au cours de ces opérations) et, simultanément, en Libye (attaques des aérodromes de Matouba-Derna, Benina, Barce et Benghazi). Le mois suivant, sous les ordres du capitaine Jordan, second de Bergé et nouveau chef, les SAS français opèrent en Cyrénaïque.
En Tunisie, en janvier 1943, ils sont chargés, alors que la 8e Armée britannique avance vers Tripoli, de harceler les arrières allemands. Lors de ces missions, Augustin Jordan et le Major Stirling sont capturés. Après les opérations de Tunisie, la campagne d'Afrique prend fin et les survivants de la 1ère CIA font route vers l'Angleterre.
Parallèlement, depuis 1941, des volontaires venus de partout ont été rassemblés et entraînés à Camberley, en Angleterre. Avec les rescapés du Moyen Orient, ils forment en juillet 1943, le 1er Bataillon d'Infanterie de l'Air (1er BIA) que commande le chef de batailllon Pierre Fourcaud.
LE 4E BATAILLON D'INFANTERIE DE L'AIR (4E BIA)
En novembre 1943 le 1er BIA devient le 4e BIA et passe sous les ordres du commandant Pierre-Louis Bourgoin. Le bataillon est rejoint en Angleterre par le 3e BIA formé après la libération de l'Afrique du Nord.
C'est en Ecosse que ses 435 parachutistes se préparent activement, dans la perspective du débarquement.
Après avoir participé à de grandes manouvres avec sauts de nuit, les premiers SAS français sont parachutés en Bretagne dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Deux sticks de huit hommes chacun sautent sur les Côtes du Nord et deux autres sur le Morbihan. Leur mission est d'organiser une base, d'isoler la Bretagne du reste du pays et de prendre contact avec la Résistance afin de définir les combats à mener avec elle. Avec plus ou moins de difficultés les sticksremplissent leur mission et les premiers renforts en hommes et en matériel sautent sur la Bretagne dans la nuit du 9 au 10 juin suivis bientôt par l'ensemble des effectifs du 4e BIA.
Après de nombreux accrochages et combats avec l'ennemi, notamment au maquis de Saint-Marcel dans le Morbihan, les SAS et les Forces françaises de l'Intérieur (FFI) parviennent à faire la jonction avec l'armée du général Patton. Mais les pertes sont sévères : le 4e BIA a perdu 73 de ses hommes dans les combats de Bretagne.
Le 3e BIA sous les ordres du commandant Château-Jobert (dit Conan) intervient également en Bretagne.
LE 2E RÉGIMENT DE CHASSEURS PARACHUTISTES DE L'ARMÉE DE L'AIR
Entre-temps, le 1er juillet 1944, le 4e BIA a changé de nom et est devenu le 2e Régiment de chasseurs parachutistes de l'Armée de l'Air (2e RCP) de même que le 3e BIA est devenu le 3e RCP.
Fin août 1944, malgré les lourdes pertes subies, les 2e et 3e RCP, équipés de jeeps puissamment armées de mitrailleuses vickers, sont chargés d'interdire à l'ennemi la rive droite de la Loire, permettant ainsi de le prendre en tenaille avec les forces alliées venant de Normandie et de la vallée du Rhône. Les raids des SAS se multiplient, certains pelotons libérant villes et villages vont jusqu'à Bordeaux et Périgueux. Le 11 septembre une compagnie du 2e RCP obtient la reddition de 3 000 allemands et en font refluer 15 000 autres.
A l'automne 1944, après trois mois de combats ininterrompus, le 2e RCP est mis au repos. Le 11 novembre 1944, sous l'Arc de Triomphe à Paris, il reçoit la Croix de la Libération des mains du général de Gaulle avec la citation suivante :
« Formation d'élite qui, sous les ordres du lieutenant-colonel Bourgoin, a eu l'insigne honneur d'être la première unité française à combattre à nouveau sur le sol de la Patrie. Parachutée au-dessus de la Bretagne au cours du mois de juin, a réussi à grouper autour d'elle plus de 10 000 résistants. Avec cette aide et au prix de lourdes pertes, a procédé avec le plus grand succès à l'attaque de certains éléments ennemis et à de nombreuses destructions de réseaux téléphoniques, de dépôts de munitions et de voies de communication d'importance vitale pour l'ennemi. A eu une grande part dans le succès de l'offensive alliée à partir de la tête de pont de Normande et a été à l'origine de la libération de la Bretagne. »
Le 30 décembre 1944, au moment de l'offensive de von Rundstedt, 200 hommes du 2e RCP, désormais commandé par le commandant Puech-Samson, sont précipitamment envoyés dans les Ardennes belges. Ils ramènent un nombre important de prisonniers.
En février 1945 les 2e et 3e RCP sont regroupés en Angleterre. Dans la nuit du 7 au 8 avril des éléments des deux unités sont parachutés en Hollande sur une étendue de 2 500 km2. Le but de l'opération est de créer le maximum de confusion chez l'ennemi et de gêner ses déplacements. Dans des affrontements violents, les sticks devront tenir entre huit et dix jours (au lieu des deux ou trois prévus) avant d'être épaulés par l'Armée canadienne.
Le 1er août 1945, les unités parachutistes passent sous le contrôle de l'Armée de Terre. Le 3e RCP est dissous et ses hommes intégrés au 2e RCP, placé sous les ordres du lieutenant-colonel de Bollardière.
Outre la Croix de la Libération, le drapeau du 2e RCP arbore la Croix de Guerre 39-45 avec 6 palmes, la Croix de Guerre belge, la Croix de Guerre hollandaise et la Bronze Star Medal (US). Sur les 24 compagnons de la Libération parachutistes de la France libre, 15 sont issus des rangs du 2e Régiment de chasseurs parachutistes de l'armée de l'air. .
Aujourd'hui, le 1er Régiment parachutiste d'infanterie de marine (1er RPIMa), créé le 1er novembre 1960 et basé à Bayonne, est l'héritier des traditions du 2e RCP. Il a droit, à ce titre, au port de la fourragère aux couleurs de l'Ordre de la Libération.
- Compagnon de la Libération - décret du 8 novembre 1944
- Croix de Guerre 39/45 (6 palmes)
- Croix de Guerre 40-45 (Pays-Bas)
- Bronze Star Medal (USA)
Voir tous les Compagnons du 2ème Régiment des Chasseurs Parachutistes de l'Armée de l'air.
Si le Groupe de bombardement Lorraine est né officiellement le 24 septembre 1941, à Damas en Syrie, la plupart des éléments qui le constituent ont déjà combattu depuis presque un an au Gabon, à Koufra et au Tchad. Avec des moyens souvent insuffisants, mais une farouche volonté de continuer la lutte. Dès novembre 1940, le général de Larminat créé au Tchad le Groupe réservé de bombardement n° 1 (GRB1), placé sous les ordres du capitaine Astier de Villatte.
Le groupe, dont une partie a précédemment aidé au ralliement du Gabon, assure bientôt l'appui des troupes du colonel Leclerc.
Les missions, notamment lors de la prise de Koufra en mars 1941, se déroulent dans des conditions très rudes : chaleur, sable, insuffisance de l'infrastructure.
Le GRB1 opère ensuite, d'avril à juillet 1941, en Abyssinie - où il effectue 130 missions - et en Erythrée. A son retour, il est basé près de Damas et regroupé avec le Groupe de bombardement n° 2 commandé par le capitaine Goussault. Le 2 septembre 1941, les deux unités sont dissoutes pour former le Groupe de bombardement n° 1 Lorraine, composé des deux escadrilles Metz et Nancy sous les ordres du capitaine de Saint Péreuse à qui succède en octobre le commandant Corniglion-Molinier. Equipé de bombardiers Blenheim, le Groupe Lorraine dispose du support technique de la Royal Air Force.
De novembre à décembre 1941, il multiplie, au-dessus de la Libye, les missions en appui de l'armée britannique. Le 23 novembre, notamment, il détruit une colonne de chars. Mais ses pertes sont également terribles. En décembre, le lieutenant-colonel Pijeaud, venu d'Angleterre prend le commandement du Groupe mais il est mortellement blessé au cours de sa première mission. Il est remplacé par le capitaine de Saint-Péreuse.
L'Afrika Korps stoppée, le Lorraine appuie l'offensive alliée. En 16 jours, en janvier 1942, le Groupe effectue 300 sorties avant de rejoindre le Levant; un tiers de l'effectif navigant est alors blessé ou disparu.
En Syrie, le Groupe est divisé en deux escadrilles autonomes, l'une (Nancy) basée à Damas et l'autre (Metz) à Rayack au Liban. Les deux unités sont chargées de convoyage d'avions et de surveillance des côtes. Au cours d'une de ces missions, un appareil de l'escadrille Nancy endommage un sous-marin allemand. En octobre 1942, le Lorraine embarque à Suez à destination de la Grande-Bretagne pour servir sur le front occidental.
Parvenu à Greenock le 1er janvier 1943, l'ensemble du personnel du groupe est envoyé en stage avant la reformation du Lorraine le 7 avril 1943, à West Raynham. Sous les ordres du commandant de Rancourt, il devient le 342 Squadronde la Royal Air Force au sein de 137e Wing et, équipé de Douglas Boston III, il est engagé dans des missions de bombardement de jour et de nuit, à moyenne ou très basse altitude.
Les missions, sur la France et la Hollande, sont très diverses : centrales électriques, gares de triage, terrains d'aviation, sites de VI... Le 3 octobre 1943, le Groupe, basé désormais à Hartford Bridge dans le Hampshire, bombarde et détruit à 90% le poste de transformation de Chevilly-Larue qui, au sud de Paris, alimente la région parisienne en électricité. Passé sous les ordres du commandant Michel Fourquet en décembre 1943, le Lorraine se spécialise, au printemps 1944, dans le bombardement de nuit.
Le 6 juin 1944 dans le cadre du débarquement de Normandie, il dépose, à six heures du matin, le long des côtes, un écran de fumée destiné à protéger la flotte alliée des bombardements allemands à la très basse altitude de 50 pieds (15 mètres !). La mission est une réussite totale. Les opérations au-dessus de la Normandie se succèdent dans des conditions très difficiles et meurtrières comme l'attaque de nuit à basse altitude (50 mètres) des divisions blindées allemandes encerclées dans la poche de Falaise le 5 août 1944. Dans la première semaine du mois d'août, le Lorraine perd 5 équipages…
Le 17 octobre 1944, les appareils atterrissent en France, à Vitry-en-Artois, où se trouve leur nouvelle base et le Lorraine passe bientôt sous le commandement de Jacques Soufflet. Après la rupture du front, le Groupe participe à toutes les opérations qui marquent l'avance du maréchal Montgomery : bataille des Ardennes, franchissement du Rhin, Arnhem, destruction des ponts sur le Rhin... Récemment équipé de bombardiers américains B25 Mitchell et installé à Gilzerijzen en Hollande, le Groupe effectue sa dernière mission de guerre le 2 mai 1945. Le 28 mai 1945, il reçoit la Croix de la Libération. Il a perdu 127 membres d'équipage, soit plus du double de son effectif normal. Durant le conflit, il aura déversé plus de 2 500 tonnes de bombes en plus de 3 000 sorties. Le 10 juin 1945, il défile avec 3 000 avions alliés au-dessus de Francfort. Huit jours plus tard, il survole les Champs-Élysées en formant son emblème : la croix de Lorraine.
A titre individuel le Groupe de bombardement Lorraine a compté 54 compagnons de la Libération. Aujourd'hui, l'escadron de chasse 03/030 "Lorraine" est basé à Mont-de-Marsan.
- Compagnon de la Libération - décret du 28 mai 1945
- Croix de Guerre 39-45 (7 citations)
Le 20 octobre 1941, le général de Gaulle, qui avait le projet de former un groupe de chasse français en Angleterre, signe le décret portant création du premier groupe intégré au sein de la Royal Air Force (RAF) sous le nom de Squadron 340. Ses effectifs regroupent des pilotes et des mécaniciens des Forces aériennes françaises libres (FAFL) et des Forces navales françaises libres (FNFL).
En novembre 1941, ce groupe de chasse "air-marine" voit le jour sur le terrain de Turnhouse, en Ecosse, au sein du 13th Group du Fighter Command. Suivant la décision du général Valin d'attribuer aux unités navigantes des FAFL des noms de provinces françaises, le Free French Squadron 340 ou Groupe de chasse n° 2, porte le nom d'Ile-de-France. Composé de deux flights (ou escadrilles), respectivement baptisés Paris et Versailles, il est alors sous les ordres d'un officier britannique, le Squadron Leader Loft.
S'il est relativement aisé de regrouper des pilotes français, il n'en est pas de même pour les mécaniciens, dont la moitié est également britannique. Les autres proviennent de l'armée de l'air et surtout de l'aéronavale, qui fournit un fort contingent de Tahitiens. Parmi les tous premiers pilotes français affectés à l'Ile de France, on relève les noms du capitaine Duperier, du lieutenant de vaisseau de Scitivaux, du lieutenant Mouchotte, déjà engagés au sein du Squadron 615, ainsi que du sous-lieutenant Schloesing du Squadron 132. Les pilotes sont équipés de Spitfire Mk II, répartis en deux escadrilles de 12 appareils.
Le 31 janvier 1942, le capitaine de corvette de Scitivaux est nommé à la tête du groupe. Le capitaine Duperier met au point la formation dite "croix de Lorraine" qui est présentée au général de Gaulle, lors de sa visite à Turnhouse le 12 février. Alternant l'entraînement au combat avec des périodes d'alerte, le Squadron 340 est équipé de Spitfire Mk V, dotés de deux canons de 20 mm et de quatre mitrailleuses de 7,7 mm.
Le 31 mars, le groupe est transféré sur la base de Redhill, au sud de Londres, au sein du 11th Group mais il rejoint une semaine plus tard le terrain de Westhampnett, base satellite de la station de Tangmere. Il est affecté au Wing de Tangmere commandé par le Wing commander M.L. Robinson. Le 10 avril 1942, la première mission de guerre est chèrement payée : le Wing Commander Robinson et le lieutenant Choron sont tués, et Scitivaux, abattu, est fait prisonnier. Le capitaine Duperier lui succède.
Le 8 mai, trois FW 190 sont abattus, ouvrant le brillant palmarès du groupe. Promotions et citations viennent récompenser l'ardeur au combat du Squadron 340. A partir de juillet 1942, le groupe opère depuis le terrain d'Hornchurch. Le 19 août 1942, il participe à la couverture de l'opération de débarquement à Dieppe ("Jubilee"). Au cours de cette journée coûteuse en vies humaines, le squadron abat quatre ennemis, mais perd un pilote et deux appareils.
Le 22 septembre 1942, le groupe est transféré sur la base de Biggin Hill et reçoit ses Spitfire Mk IX. Le 30 novembre, le commandant Duperier qui a largement terminé son tour d'opérations est remplacé par le capitaine Schloesing. Celui-ci sera abattu le 13 février 1943. Gravement brûlé, il parviendra néanmoins à rejoindre l'Angleterre.
En décembre 1942, les marins quittent l'Ile de France, qui devient alors une unité exclusivement "air". Le capitaine Reilhac, qui a succédé à Schloesing, est à son tour porté disparu en opérations le 14 mars 1943. Il est remplacé par le capitaine - immédiatement promu commandant - Jean Fournier qui emmène, quelques jours plus tard, le squadron à Turnhouse, pour une période de repos. Le groupe abandonne ses Spitfire Mk IX aux pilotes du GC Alsace qui le remplace, et se déploie à Drem, où il assure la couverture du secteur Glasgow-Edimbourg.
Le 10 novembre 1943, les Squadron 340 Ile de France et 341 Alsace sont regroupés sur le terrain de Perramporth pour former le 145th Wing, dont le commandement est confié au commandant Duperier. Les missions de guerre se succèdent dans le cadre du plan de général de préparation au débarquement, qui a pour but d'affaiblir le potentiel de combat de l'ennemi par le harcèlement et la destruction de ses voies de communication, de ses défenses fixes et de ses installations portuaires.
En février 1944, le squadron est à nouveau équipé de Spitfire Mk IX, et en mars, le 145th Wing est intégré dans les Allied Expeditionnary Air Forces, au sein du 84th Group de la 2nd Tactical Air Force. Déployé à Merston, le groupe Ile de France effectue sans relâche des missions d'escorte, d'attaque des sites de lancement de V1 et des voies de communication.
Le débarquement est imminent, les "bandes d'invasion" blanches et noires sont peintes sur les ailes et le fuselage des Spitfire. Dès l'aube du 6 juin 1944, le groupe participe à la couverture du débarquement sur les plages normandes. Le 13, des appareils du Groupe se posent enfin sur le sol français, à Sainte-Croix. Le 19 août, l'Ile-de-France s'installe à Sommervieu, près de Bayeux. Les alliés ayant acquis la maîtrise du ciel, les missions du Squadron 340 s'orientent vers l'appui des troupes alliées en Belgique et en Hollande.
Le 2 novembre 1944, le groupe est placé sous le commandement d'Olivier Massart ; relevé, il est rapatrié à Biggin Hill, puis à Drem. En février 1945, et rééquipé de Spitfire Mk XVI, il rejoint le front en compagnie des Squadrons 329 et 345 à Schinjdel, en Hollande. Il reçoit pour mission d'interdire tout trafic ennemi entre la Meuse et le Rhin. Le 13 mars 1945, Olivier Massart est abattu en combat aérien. Le 17 avril, le Groupe, sous les ordres du commandant Pierre Aubertin, gagne sa nouvelle base : Drope, en Allemagne. Le 3 mai, il effectue sa dernière mission de guerre.
En quatre années, le Squadron 340 a effectué 7100 sorties, détruisant ou endommageant 75 avions ennemis et larguant 400 tonnes de bombes. L'Ile de France, qui a perdu 38 pilotes, reçoit la médaille militaire et est honoré de la Croix de la Libération. Il est cité quatre fois à l'ordre de l'armée aérienne et une fois à l'ordre des FAFL. De ses rangs sont issus 22 compagnons de la Libération.
En juin 2022, l’escadron de chasse 2/5 Ile-de-France a été mis en sommeil.
- Compagnon de la Libération - décret du 28 mai 1945
- Médaille Militaire
- Croix de Guerre 39/45 (5 citations)
Moins d'un an après l'armistice, le 15 mars 1941, est créée, en Egypte, à Ismaïlia, la l'Escadrille française de chasse n° 1 (EFC1). Ses pilotes sont parmi les premiers volontaires de la France libre. Sous le commandement du lieutenant James Denis. Equipée de chasseurs Hurricane, l'EFC 1 participe à la défense de Tobrouk assiégée, au sein du 73 Squadron dont elle forme le Flight C.
Du 9 au 25 avril, ces Français libres affrontent, à un contre dix, l'aviation ennemie. Mais ils tiennent le choc. En moins de deux mois, ils remportent 10 victoires aériennes et deux probables.
Après le repli allié, l'escadrille, basée à Sidi-Hanish, se consacre surtout aux attaques au sol, et à la protection des convois en mer.
Le 21 juin 1941, l'Escadrille française de chasse n° 1 reçoit la Croix de la Libération, devenant ainsi la première unité militaire titulaire de cette prestigieuse décoration. Le 28 août, l'EFC 1 part pour le Liban où elle est bientôt dissoute pour laisser place, début septembre 1941, au Groupe de chasse n°1 Alsace (GC 1 Alsace) qui se constitue dans la plaine de la Bekaa.
LE SPITFIRE MKIX
Mécaniciens et pilotes arrivent d'Egypte et d'Angleterre, en provenance des quatre coins du monde. C'est un mélange de personnel d'active, de réservistes, de volontaires. L'entraînement commence aussitôt. Le groupe, commandé par Jean Tulasne, est formé, avec un matériel disparate (Morane 106, Dewoitine 520, Potez 25 et 29, Curtiss 75), des deux escadrilles Strasbourg, commandée par James Denis, et Mulhouse ; commandée par Albert Littolff. Dans un premier temps, les pilotes sont affectés à la défense d'Haïfa et au convoyage des avions neufs.
Début 1942, le groupe est rééquipé avec des Hurricane 1 arborant la croix de Lorraine Après la bataille de Bir-Hakeim, en juin 1942, sous le commandement de Joseph Pouliquen, le groupe participe à la défense d'Alexandrie. En août 1942, le capitaine James Denis prend le commandement du Groupe Alsace qui est stationné dans le delta du Nil. Dans les premiers jours de septembre 1942, la décision est prise d'envoyer le groupe en Angleterre pour servir sur le front occidental.
Fin janvier 1943, il est officiellement reformé en Ecosse, à Turnhouse, sous le nom de Squadron 341. Après entraînement, le groupe de chasse, désormais sous les ordres du commandant René Mouchotte, s'installe le 18 mars à Biggin Hill, au sud de Londres. L'escadrille Strasbourg est sous les ordres de Christian Martell et l'escadrille Mulhouse est confiée au capitaine Michel Boudier.
Début avril, les missions sur la France débutent. Le groupe, équipé de Spitfire Mk IX, protège les bombardiers alliés et est en prise directe avec les chasseurs allemands. Les missions et les succès se suivent. La première victoire est obtenue par Martell le 14 mai, la seconde par Mouchotte le lendemain. Après six mois d'intense activité, l'Alsace, qui a perdu son commandant disparu en combat aérien, est confié au commandant Dupérier, puis au commandant Martell avant d'être envoyé au repos en Cornouailles, à Perranporth. Le bilan des six derniers mois est éloquent : 26 victoires pour six pilotes abattus.
Les missions se poursuivent à Perranporth où se constitue en novembre 1943, avec le GC Ile-de-France et l'escadrille des Cigognes ; une escadre de chasse (Wing) française. Il s'agit essentiellement de protection de convois maritimes et de quelques missions de reconnaissance sur la Bretagne.
LE BOMBE VOLANTE AU-DESSUS D'ANVERS
Début avril 1944, l'Alsace quitte Perranporth pour la base de Manston aux environs de Portsmouth. Les escortes et les opérations de chasse reprennent. Le 6 juin, lors du débarquement allié, le groupe effectue quatre missions. La Luftwaffeest alors quasi inexistante. Désormais, il s'agit d'affronter la flak (DCA allemande) et de détruire les bombes volantes, les V1. Les Spitfire s'envolent avec des bombes de 250 livres pour détruire les rampes de lancement. Le 12 juin 1944, c'est le premier atterrissage sur le sol de France, avant l'installation qui s'effectue fin août, près de Bayeux.
Les bases changent avec l'avance alliée. Les combats sont rudes ; ainsi, le 26 août 1944, le commandant Schloesing qui à remplacé le commandant Martell à la tête du groupe l'avant-veille, est abattu en vol. Jacques Andrieux le remplace. Désormais, ce sont des missions sur Dunkerque, la Belgique, le sud de la Hollande et les Ardennes pour contrer l'offensive du général von Rundstedt. Après un court repos sur sa première base de Turnhouse de janvier à mars 1945, l'Alsace reprend ses missions et s'installe à Eindhoven puis en Allemagne où la flak allemande lui détruit 10 appareils et tue 6 pilotes.
A la fin de la guerre, le groupe a effectué plus de 9 000 heures d'opération, plus de 4 500 sorties dont 655 bombardements en piqué. Le groupe Alsace compte 41 victoires confirmées, 14 probables, 27 navires coulés et plus de 500 véhicules détruits au sol. Le groupe a perdu 21 de ses pilotes, soit l'équivalent de son effectif opérationnel. Il reçoit la croix de la Libération le 28 mai 1945. De ses rangs sont issus 23 compagnons de la Libération.
L'Escadron de chasse 01/30, héritier des traditions du Groupe de chasse Alsace, a été dissout le 27 juin 2008 à Colmar.
- Compagnon de la Libération - décret du 28 mai 1945
- Croix de Guerre 39/45 avec palme