L'admission dans l'Ordre
Aujourd’hui forclos, l’Ordre de la Libération a été institué par le général de Gaulle le 16 novembre 1940. Attribuée à 1038 femmes et hommes, la croix de la Libération a été remise selon des critères et une procédure bien définis.
« Cet Ordre est destiné à récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l'œuvre de la libération de la France et de son Empire. » Ordonnance n°7 de novembre 1940
Aucun critère d'âge, de sexe, de grade, d'origine, et même de nationalité, n'est exigé. C'est la valeur qui compte et la qualité exceptionnelle des services rendus, qui ne sont pas exclusivement des services combattants.
L'Ordre devient réalité, avec les premiers Compagnons nommés. Le 29 janvier 1941, ils sont cinq à former le premier Conseil de l'Ordre :
- Le capitaine de vaisseau Thierry d'Argenlieu,
- Le gouverneur général Félix Éboué,
- Le lieutenant Emmanuel d'Harcourt,
- L'officier de marine marchande Edmond Popieul,
- L'adjudant Henry Bouquillard des Forces aériennes françaises libres.
Un moine, un Guyanais, un noble, un officier de marine, un sous-officier, tous sont représentatifs de ces combattants rassemblés par le général de Gaulle pour libérer la France. Il n’y a aucune distinction de classe et d'origine.
Une note manuscrite du général de Gaulle datée du 3 décembre 1945 atteste du caractère exceptionnel de l'attribution de la croix de la Libération. Le général écrit : « on me propose des candidats qui, bien que très dignes et vaillants combattants, ne répondent pas aux conditions tout à fait exceptionnelles qui justifient l'accession dans l'Ordre. »
1036 personnes, 5 communes et 18 unités combattantes se voient attribuer cette prestigieuse décoration entre janvier 1941 et janvier 1946.
Les nominations dans l'Ordre de la Libération interviennent par décret du général de Gaulle.
A part pour les premières nominations décernées directement par le général de Gaulle, la procédure débute par un mémoire de proposition établi par le chef de corps (ou le chef de réseau), qui remonte la voie hiérarchique puis est soumis à l'avis du conseil de l'Ordre de la Libération, avant signature par le général de Gaulle.
Jusqu'à la fin de l'année 1944, les conditions d'attribution de la croix de la Libération sont soumises aux conditions de l'occupation et de la clandestinité. C’est pourquoi la décoration est souvent décernée sous pseudonyme ou identité de guerre. C'est le cas pour Jean Moulin, par exemple, qui est fait Compagnon de la Libération, le 17 octobre 1942, sous le nom de "Caporal Mercier".
Le général de Gaulle quitte le pouvoir en janvier 1946 et signe un décret qui met fin à l'attribution de la croix de la Libération (décret du 23 janvier 1946). Le but de la libération étant atteint, l'Ordre est alors forclos.
Il ne sera rouvert par son Grand Maître qu'à deux occasions exceptionnelles, en 1958 pour Winston Churchill et en 1960 pour le Roi d'Angleterre George VI à titre posthume.