Pierre CHEVIGNÉ (de)

Fils du comte François de Chevigné, officier de marine, Pierre de Chevigné est né le 16 juin 1909 à Toulon.

Après des études à l’école Saint-Louis de Gonzague puis au lycée Saint-Louis à Paris, il entre à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1927. Il en sort deux ans plus tard dans la promotion maréchal Gallieni. Jusqu’en avril 1934, il sert au 1er régiment d’infanterie à Cambrai comme sous-lieutenant puis lieutenant. Il quitte ensuite l’armée et devient secrétaire général d'une société familiale et patron de presse dans le Béarn.

En 1935, il est élu maire d'Abitain dans les Basses-Pyrénées (actuelles Pyrénées-Atlantiques). Mobilisé comme lieutenant de réserve en 1939, il commande une compagnie au 127e RI puis les corps francs du Régiment et enfin ceux de la 2e DI ; en avril 1940, il reçoit une triple blessure par éclats de grenade ; en juin, il est grièvement blessé lors des combats de défense de Rethel au cours desquels il a pris la tête de son bataillon. Cité trois fois à l'ordre de l'Armée, il est fait chevalier de la Légion d'honneur au titre de la campagne de France.

Évacué sur l'hôpital militaire de Dax, il le quitte avant sa guérison, immédiatement après la demande d'armistice, et embarque à Saint-Jean-de-Luz, le 21 juin 1940, à bord du Sobieski, bâtiment britannique de transport de troupes, pour rejoindre l’Angleterre.

Engagé le 1er juillet 1940 dans la France libre, il se remet de ses blessures avant d’être envoyé en Égypte fin octobre 1940 comme chef du cabinet militaire du général Catroux, haut-commissaire de la France libre au Levant. En février 1941, il prend le commandement du 1er Bataillon d'Infanterie de Marine (1er BIM) avec lequel il est de nouveau blessé, par balles, lors de la campagne de Syrie le 10 juin 1941. Sorti de l’hôpital deux jours plus tard, il reprend le combat. Le 21 juin, après la mort du lieutenant-colonel Génin, il remplace ce dernier à la tête de la 1ère brigade coloniale avec le grade de lieutenant-colonel.

Rappelé après les combats auprès du général Catroux, il y dirige son cabinet à Beyrouth et remplit en même temps les fonctions de chef des Services spéciaux et de Directeur des Affaires politiques par intérim au Moyen-Orient. En décembre 1941, en raison de ses qualités et de son expérience politique, Pierre de Chevigné est promu colonel et nommé chef de la Mission militaire de la France libre à Washington. Il ne rejoint son poste qu’en mai 1942, après avoir été détaché plusieurs semaines aux Combined Operations (commandos de Lord Mountbatten) à Londres et avoir participé début avril à une opération non aboutie sur Bayonne. Comme chef de la Mission militaire, dans des conditions difficiles, il est chargé d’obtenir des armes et du matériel américain, de susciter des engagements de volontaires dans la France libre et de contrecarrer la diplomatie et la propagande de Vichy. En juillet 1943, il prend une part essentielle au ralliement de la Martinique et des Antilles dont il devient commandant militaire par intérim.

Rentré à Alger en septembre 1943, il rejoint l’État-major particulier du général de Gaulle. Pressenti comme nouveau chef de l’Armée secrète, il regagne Londres mais le projet ne débouche pas.

Nommé chef d'état-major des Forces françaises en Grande-Bretagne sous les ordres du général Koenig en avril 1944, le colonel de Chevigné débarque en Normandie le 14 juin 1944 et dirige les opérations de la tête de pont de Bayeux. Comme commandant militaire des régions libérées, il suit l'avance alliée pour assurer le retour à la légalité républicaine, de Bayeux à Nancy, en passant par Cherbourg, Rennes, Angers, Paris, Chalons.

Pierre de Chevigné reprend en mai 1945 la mairie d'Abitain qu’il gardera jusqu’en 1965 et devient conseiller général du canton de Sauveterre-de-Béarn (1945-1976). Il est élu député MRP des Basses-Pyrénées aux élections de 1945-1958. Envoyé par le gouvernement en qualité de haut-commissaire de la République française à Madagascar, il mène pendant les années 1948 et 1949 la pacification, la reconstruction et la réorganisation de la Grande Île.

Secrétaire d'État à la Guerre de 1951 à 1954 dans les cabinets René Pleven, Edgar Faure, Antoine Pinay, René Meyer et Joseph Laniel, il est également ministre de la Défense nationale dans le gouvernement Pflimlin en mai 1958. Président, de 1964 à 1976, du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, il est aussi gouverneur général honoraire de la France d'Outremer et administrateur de l'Union des blessés de la face (Gueules Cassées).

Décédé le 4 août 2004 à Biarritz, Pierre de Chevigné est inhumé au cimetière d'Abitain.

• Grand Croix de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 9 octobre 1945
• Croix de Guerre 39/45 (4 citations)
• Médaille de la Résistance avec rosette