Biographie
Alias : Fontenay - Montfort - Montigny - Labiche.
Jean Mairey est né le 9 août 1907 à Dijon (Côte d'Or). Il est issu de familles de paysans et d'universitaires : son grand-père était professeur de mathématiques et son père, géographe coauteur de manuels scolaires, officier, a été tué en Champagne en juin 1915.
Comme son père, Jean Mairey est agrégé d'histoire et géographie.
Responsable politique au sein de la SFIO, syndicaliste, sa carrière de professeur débute à Epinal en 1933 et se poursuit au lycée Carnot à Dijon, qui possède la caractéristique d'avoir une section d'élèves tchécoslovaques.
Ses prises de position publiques contre les accords de Munich en 1938 qui conduisirent au démembrement de la Tchécoslovaquie puis à son annexion par le Reich, expliquent la vindicte que lui voueront les tenants du nouvel Etat français né de la débâcle de juin 1940.
A la déclaration de guerre, Jean Mairey est mobilisé. Après son retour à la vie civile (il est démobilisé comme aspirant après avoir entendu à la radio l'Appel du 18 juin), il ne peut retrouver son poste à Dijon car les nouvelles autorités collaborationnistes tiennent à l'en éloigner.
A la rentrée d'octobre 1940, d'abord nommé en Avignon, il est, grâce à l'appui de l'Inspecteur général Jules Isaac -qui sera destitué par Vichy- affecté à compter du 1er novembre 1940 au lycée du Parc à Lyon.
Au cours de l'hiver 1940 et en 1941, il participe à des réunions périodiques autour du groupe "Esprit" d'Emmanuel Mounier, d'où sortiront plusieurs mouvements et organisations de résistance. Son activité de propagande anti-allemande lui vaut une lettre de blâme personnelle du ministre de Vichy, Jacques Chevalier.
En liaison avec son collègue du lycée du Parc, Georges Bidault, il assure la rédaction de divers journaux clandestins, en particulier Combat, organe du mouvement éponyme créé en zone sud par Henri Frenay. Combat est rédigé au domicile de Jean Mairey de mai à octobre 1942. Là est aussi préparé l'appel du 14 juillet qui entraîne des manifestations de masse, en particulier à Lyon.
Il participe en tant que responsable, à l'organisation du NAP, "Noyautage des administrations publiques".
En liaison avec Pierre-Henri Teitgen, il s'occupe de l'échelon régional du Comité général d'Etudes (CGE), puis avec Auguste Pinton, un autre fondateur de Combat, il continue d'exercer les mêmes tâches pour les Mouvements unis de Résistance (MUR) qui regroupent Combat, Libération-sud et Franc-Tireur au début de 1943.
A ce titre, il est chargé de nombreuses missions dans toute la région lyonnaise et parcourt notamment l'Ain, l'Isère et la Savoie.
Activement recherché par la Gestapo, et plusieurs de ses compagnons d'armes ayant été arrêtés, il se fait muter au lycée Hoche à Versailles et il enseigne à son annexe de Saint-Cloud à la rentrée d'octobre 1943.
Au début du printemps 1944, il doit "prendre du repos à la campagne". Il s'installe alors physiquement en Côte d'Or pour se consacrer entièrement au NAP dans la région Bourgogne auprès de Jean Bouhey, nommé Commissaire de la République pour la Bourgogne et la Franche-Comté, dont il était prévu qu'il devait être son commissaire adjoint. Il participe aussi à la mise en place des CDL ("Comités départementaux de Libération").
Le 29 mai 1944, il est victime d'un accident de la circulation à Dijon après le couvre-feu. Blessé, il a la chance d'être secouru par des résistants. Au cours de l'été il se retrouve dans la clandestinité complète comme adjoint au chef du maquis "Bayard" implanté dans la région de Saulieu ; il y voit passer le convoi transportant le maréchal Pétain de Vichy jusqu'à Sigmaringen. Ironie de l'histoire, le 26 avril 1945, il sera le représentant des autorités civiles auprès du général Koenig pour le retour en France par la Suisse du Maréchal.
Le mois d'août 1944 est marqué par la gravissime blessure de Jean Bouhey qui l'empêche de prendre ses fonctions. Jean Mairey est alors appelé à Paris pour s'y voir fixer sa mission comme commissaire par intérim. Le 2 septembre, il est de nouveau blessé dans un grave accident de la circulation dans la capitale. Bien que la Faculté lui ait préconisé un repos complet à cause d'une fêlure du crâne, il prend ses fonctions à Dijon au lendemain de la libération de la ville le 11 septembre. Il y reste en poste jusqu'à la suppression des Commissaires de la République au début de 1946.
Du 1er avril 1946 au 1er juillet 1954, il est préfet de Seine-inférieure à Rouen. Il se consacre principalement au ravitaillement, au début, et à la reconstruction d'un département dévasté.
Le 1er juillet 1954, Pierre Mendès-France le nomme au poste de Directeur général de la Sûreté nationale. Il y est amené à rédiger des rapports sur les problèmes de maintien de l'ordre en Algérie et à informer les plus hautes autorités de l'Etat sur certaines "dérives", pour utiliser une litote.
En 1957, il devient Secrétaire général du Ministère de l'Intérieur. Il est nommé le 1er janvier 1958 Préfet IGAME (Inspecteur Général de l'Administration en Mission Extraordinaire) de la Région Aquitaine à Bordeaux. Le retour au pouvoir du général de Gaulle lui fait retrouver son poste au Ministère de l'Intérieur, non pourvu en son absence.
Le général de Gaulle le charge de l'organisation du voyage en France en 1960 de Nikita Khrouchtchev, chef du gouvernement de l'Union soviétique.
Jean Mairey, après avoir été PDG de la société Avenir-Publicité de 1961 à 1964 reprend, jusqu'en 1972, son premier métier en enseignant dans les lycées Buffon puis Charlemagne à Paris.
Membre du Conseil de l'Ordre de la Libération à partir de 1963, il exerce, d'octobre 1952 à mars 1970, les fonctions de Président de la Société d'Entraide des Compagnons de la Libération (SECL) dont il était le co-fondateur.
Jean Mairey est décédé le 16 octobre 1982 à Montbard (Côte d'Or) où il a été inhumé.
• Commandeur de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 27 décembre 1945
• Croix de Guerre 1939-1945 avec palmes
et autres distinctions.